Rechecking

Le journalisme citoyen en veille.

Oui, Macron a bien été écarté de la rencontre entre Trump et Zelensky au Vatican… malgré ce que dit l’Elysée.

Oui, Macron a bien été écarté de la rencontre entre Trump et Zelensky au Vatican… malgré ce que dit l’Elysée.

Lors des obsèques du pape François ce samedi 26 avril, une entrevue filmée entre Macron, Trump, et Zelensky suscite de nombreuses spéculations. Le Président se serait-il pris un revers après avoir voulu s’inviter dans une rencontre de grande importance pour les négociations vers la paix en Ukraine ? Si l’Elysée tente de démentir l’affaire, ses justifications maladroites ne tiennent pas.

C’est une photo qui prend des allures de communication ratée. On y voit Emmanuel Macron tenant par l’épaule le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui-même aux côtés du président des États-Unis, Donald Trump, et du Premier ministre du Royaume-Uni, Keir Starmer, lors d’une rencontre en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre du Vatican. Publiée sur le compte X de l’Élysée sous la légende « Pour la paix », l’image se veut immortaliser ces dirigeants du monde libre réunis ensemble pour tenter de résoudre un conflit qui menace depuis trois ans de tourner à la Troisième Guerre mondiale. La photo met particulièrement à l’honneur Emmanuel Macron, lequel semble dominer physiquement ses partenaires comme pour accentuer son rôle présumé de grande importance dans cette avancée vers une solution de paix.

Pourquoi cette photo est-elle trompeuse ?

Une vidéo de la séquence révèle pourtant une tout autre histoire. En réalité, il semble qu’Emmanuel Macron ait voulu s’inviter à une rencontre prévue entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, à laquelle il n’était manifestement pas convié. En effet, dans ce court extrait où l’on voit le président s’avancer pour rejoindre ses homologues, Donald Trump donne l’impression de s’interposer pour lui demander de rester à l’écart. En conséquence, une troisième chaise qui était initialement placée sur le lieu de la réunion est aussitôt retirée. Par la suite, les présidents ukrainien et américain s’entretiendront seuls en l’absence de Macron… et de la chaise qui lui était possiblement destinée.

Cette vidéo contredit donc directement la publication de l’Élysée qui suggérait la participation active d’Emmanuel Macron à cette rencontre historique. La scène en entier montre au contraire que sa présence n’était visiblement pas la bienvenue.

Un récit macroniste difficilement crédible

Si certains utilisateurs sur X n’ont pas manqué de critiquer la publication trompeuse à l’appui de cette vidéo, de fervents soutiens au président ont tenu à combattre ce qu’ils jugent être une mauvaise interprétation. À les en croire, Emmanuel Macron était simplement venu encourager cet entretien entre « Américains et Ukrainiens » qu’il aurait lui-même contribué à organiser avec le Premier ministre britannique, ne souhaitant nullement s’imposer comme un « troisième homme ». « C’est totalement faux », nous assure un proche du président dans Ouest-France, « on voit d’ailleurs bien sur la vidéo qu’il ne cherche pas à rester ». Quant à la troisième chaise retirée de la réunion, elle aurait été prévue pour un traducteur dont se seraient finalement passé Donald Trump et Volodymyr Zelensky.

Réfutation : ces explications paraissent bien peu crédibles à la lumière de la scène telle qu’elle a été filmée. On voit clairement que Donald Trump et Volodymyr Zelensky s’apprêtaient tout juste à s’asseoir lorsqu’ils furent interrompus par Emmanuel Macron survenant les saluer pour rejoindre la discussion à son tour. Loin de répondre réciproquement à l’accueil chaleureux du président français, Donald Trump effectue alors un geste explicite de la main droite comme pour lui faire «barrage», et lui adresse quelques mots (inaudibles) dans un hochement de tête qui semble traduire un refus. Si l’intention de Macron n’était pas de rester, on imagine mal pourquoi Trump aurait eu un tel geste envers le représentant d’un pays allié venu simplement « l’encourager ».

Par ailleurs, l’idée que la troisième chaise aurait été prévue pour un éventuel traducteur ne paraît pas davantage fondée : non seulement Volodymyr Zelensky, qui parle couramment l’anglais, n’y a jamais eu recours lors de ses précédentes rencontres avec le président américain ; mais de plus, la chaise avait été positionnée à égale distance des deux autres, au centre de la réunion, ce qui serait tout à fait inhabituel pour un traducteur. En général, ces assistants se placent légèrement en retrait de l’un ou l’autre chef d’État de façon à préserver un minimum de discrétion sur la tenue de la conversation. La position de cette chaise impliquerait plutôt une place réservée à un interlocuteur d’une hiérarchie équivalente aux autres acteurs de cette rencontre – autrement dit, une place qui aurait été tout à fait justifiée dans le cas d’Emmanuel Macron.

« Tu ne devrais pas être là. »

Bien que des fact-checkers prétendent qu’il serait « impossible de savoir ce que les trois présidents se sont dits lors de ce rapide échange », évitant ainsi de contrarier l’Élysée, la presse anglo-saxonne contribua inversement à enfoncer le clou. Au lendemain de l’épisode, le journal britannique The Sun publie le témoignage de Nicola Hickling, une experte anglaise de la lecture sur les lèvres, qui affirme avoir décrypté les mots prononcés par Donald Trump dans cette scène. Selon elle, le président américain se serait adressé à Macron en ces termes : « Tu n’es pas en position de force ici, j’ai besoin que tu me rendes un service, tu ne devrais pas être là. » Malgré toutes les réserves que cette interprétation impose en l’absence d’une bande-son, cette version corrobore le langage corporel de Trump, qui traduit de manière transparente une volonté de bloquer cette intrusion opportune. Autre élément relevé par la lectrice labiale : l’un des ecclésiastiques qui entourait les trois hommes se déplaça subtilement devant la caméra, comme s’il avait voulu cacher un échange qui devenait gênant…

L’échec d’une manipulation

Ainsi, la photographie diffusée par l’Élysée — capturée de toute évidence après la réunion entre Zelensky et Trump — figure une tentative grossière de réécrire la scène pour camoufler ce revers humiliant subi par Emmanuel Macron. Comble de la supercherie : la photo fut prise de sorte à faire paraître le président d’une taille bien plus grande qu’il ne l’est en réalité, donnant l’illusion qu’il dépasserait Donald Trump alors que, dans les faits, il mesure 17 cm de moins que le chef d’Etat américain (1).

La manipulation est d’autant moins subtile que l’Élysée s’attache depuis à défendre coûte que coûte ce scénario invraisemblable d’une « réussite diplomatique ». Deux jours après l’épisode, Paris Match publie l’interview d’Emmanuel Macron qui s’attribue dans un « nous » le mérite de ce « face-à-face historique » entre Trump et Zelensky : « Nous avons réussi, grâce à cet entretien au Vatican, à remettre la pression sur la Russie », déclare-t-il en titre de cet article qui assure que le président aurait « œuvré pour que cette rencontre ait lieu ». Dans d’autres tribunes, on loue son rôle supposé de «protecteur» du président ukrainien visant à empêcher l’homme fort de Washington de lui « forcer la main » pour établir des compromis avec la Russie — ce qui, dans l’esprit de la plupart de nos journalistes encartés, reviendrait à se soumettre à Hitler. Blanchi par sa volonté de protéger la nation contre un ennemi qui projette d’envahir l’Europe selon la doxa, Emmanuel Macron semble encore profiter des effets anxiogènes de son nouveau « Nous sommes en guerre », prononcé il y a deux mois. Un discours suffisamment persuasif pour inciter nos grands médias à étouffer toute information qui pourrait nuire à son crédit sur la scène internationale.

Le fait d’avoir été écarté par son « allié » d’une réunion majeure dont il espérait opportunément s’attribuer le succès ne trouvera quasiment aucun écho sauf sous peine d’être taxé de « fausses informations ». En témoigne le traitement réservé à Vincent Hervouët qui, sur le plateau de CNews, fit l’affront d’évoquer la lecture des propos présumés de Donald Trump rapportés dans The Sun. « Vous n’y étiez pas ! C’est totalement faux », répliqua l’Élysée sur le réseau X contre l’éditorialiste, ajoutant que «Beaucoup de fausses informations circulent. C’est indécent car ce qui se joue, ce sont des vies et notre sécurité collective ». Plus que « nos vies » et notre « sécurité collective », se joue surtout l’orgueil d’un président qui accumule les revers diplomatiques et peine à masquer ses efforts parfois grotesques pour redorer son image. Pas facile de conserver l’aura d’un « chef de guerre » quand on s’est fait surprendre à truquer ses photos pour grossir ses biceps…

 

 

(1) Emmanuel Macron mesurerait environ 1,73 m, tandis que Donald Trump mesure lui 1,90 m. (Source : taille Macron / taille Trump)

La Rédaction

Alain Weill et deux journalistes de l’Express sont mis en examen pour diffamation

Alain Weill et deux journalistes de l’Express sont mis en examen pour diffamation

Après une série d’articles particulièrement à charge, l’essayiste Idriss Aberkane avait déposé trois plaintes contre le patron de l’Express et les journalistes Victor Garcia et Alix L’Hospital. Ces derniers ont été officiellement mis en examen pour les chefs de diffamation publique, selon nos informations confirmées par le Parquet de Paris. 

 

C’est la deuxième fois qu’Alain Weill est poursuivi en justice pour des fausses rumeurs colportées dans l’hebdomadaire qu’il dirige. En mars 2021, le Tribunal de Paris l’avait déjà condamné pour diffamation publique assortie d’une obligation de verser 1000 euros à Abdelaziz Hamida, maire de Goussainville, deux ans après que l’Express eut relayé le mensonge que le franco-marocain était « fiché S ». Blanchie par la presse subventionnée comme une nouvelle certifiée, la fake news aux relents racistes avait été largement relayée dans les médias français, au contraire de cette condamnation qui est passée sous silence, n’apparaissant évidemment pas sur la page Wikipedia du condamné. Malgré des sociétés sous asphyxie financière (qui n’empêche pas ses rémunérations faramineuses), les soupçons d’évasion fiscale ou les procès de ses ex-employés, Alain Weill est de ces hommes d’affaire qui investissent dans les médias à la faveur d’une couverture toujours bienveillante, voire victimaire. Cette mise en examen ouvre la possibilité de venir ajouter une autre ligne au tableau de ses préjudices en coulisse.

 

 

Parmi les griefs à l’origine de la plainte déclenchant cette procédure figure notamment un article publié en juillet 2022 dans lequel Victor Garcia et Alix L’Hospital multiplient les allégations contre Idriss Aberkane, l’accusant, toujours dans des termes vagues mais accablants, d’avoir « surgonflé » son CV, de mentir sur ses expériences en recherche scientifique et de manipuler son public tel un « gourou » des « sphères complotistes et antivax » sur fond d’une carrière supposément remplie de « déboires financiers ». Un brûlot cochant tous les éléments de langage qu’avaient cependant anticipé le conférencier, prenant soin de filmer et de diffuser publiquement l’entretien avec les deux journalistes alors qu’ils l’interrogeaient pour préparer leur article. Le stratagème n’a pas du tout été apprécié par Victor Garcia et Alix L’Hospital qui se montrent en grande difficulté dans cette vidéo, leurs questions très orientées se heurtant systématiquement à l’éloquence maîtrisée de leur interlocuteur. Après une tentative de censure par mise en demeure, France Soir avait décidé de republier la scène sous le titre de « l’ExpressGate ».

 

Le Character assassination en concept publicitaire

L’Express n’en était pas à sa première attaque contre l’auteur de Libérez votre cerveau, lequel avait, à l’époque de sa publication, bénéficié de certaines louanges dans la presse au grand damn des sphères scientistes. Dès 2016, l’hebdomadaire d’Alain Weill reprend les ragots des réseaux zététiciens persuadés que le triple doctorant se serait fabriqué un curriculum « dopé » (1). Bien que l’incriminé ait publié sur son site internet l’ensemble de ses diplômes qui attestent de son parcours, comprenant les preuves de ses doctorats (en Neuroergonomie, Littérature comparée, et Relations Internationales), les relevés de son master à l’Ecole Normale Supérieure, ses attestations comme chercheur invité à Stanford, ses certificats comme professeur à Centrale Supélec ou encore les registres de ses sociétés et fondations – chaque élément matériel continue d’être proprement ignoré dans un but transparent. En 2022 et 2023, surfant sur la vague de character assassination contre ceux qui contestaient l’efficacité des mesures sanitaires (tout en prônant la vaccination des enfants en dehors de tout consensus médical), l’Express redouble de tribunes corrosives sur Idriss Aberkane, jusqu’à en faire un argument de vente pour des abonnements papiers et numériques, via des sponsorisations sur Facebook ou des podcasts en série. Ironiquement, une publicité du magazine s’est retrouvée récemment sur la chaîne Youtube de l’essayiste qui culmine désormais à plus d’1 million d’abonnés. Il faut dire que ce succès a de quoi faire pâlir une rédaction réduite à peau de chagrin pour cause de plans sociaux successifs…

Selon les reproches formulées par les avocats du plaignant, les journalistes de l’Express auraient composé leur article essentiellement à partir d’allégations infondées voire fausses, de « propos biaisés » et de « raccourcis grossiers », susceptibles de caractériser une volonté de nuire. Le récépissé de la plainte invoque que Victor Garcia et Alix L’Hospital se sont appuyés, pour seules et uniques « preuves », sur le témoignage de « pseudo-spécialistes » choisis pour leurs positions notoirement opposées à celles du conférencier, et des compétences qui font défaut sur les sujets critiqués. On y retrouve d’ailleurs l’opinion d’un certains Thomas Durand qui voue depuis des années une obsession manifeste envers Idriss Aberkane, devenu une sorte de « vache à lait » de sa chaîne Youtube pour s’accaparer des vues. Victor Garcia avait déjà loué le zététicien-en-chef dans un précédent article le présentant faussement comme « président de l’association ASTEC » – ce qu’il n’est pas censé être, au risque d’avoir quelques petits problèmes avec l’administration fiscale en s’auto-rémunérant avec la trésorerie (2)… Le magazine rebaptisé « l’Ex-presse » par ses anciens salariés n’est décidément plus à un mensonge près. Mais à quoi s’attendre d’autre venant d’un journal qui juge que la Charte de Munich n’est qu’un « totem complotiste » ?

Quoi qu’il en soit, ce ne serait pas la première fois que des journalistes de l’Express manqueraient gravement à leur déontologie pour nuire à une personnalité qui dénonce les – vrais – déboires financiers de leur directeur.  À la justice de se prononcer une nouvelle fois sur la nature douteuse de leurs méthodes.

 

La Rédaction

_

(1) L’Express, 2 novembre 2016.

(2) l’ASTEC étant une association loi 1901 dite « à but non-lucratif », le président ne peut être rémunéré au-dessus de la limité tolérée des 3/4 du SMIC, sous peine d’être redevable des impôts commerciaux. (Source : service-public.fr)