La Ligue des droits de l’Homme avait alerté le régulateur français depuis février 2025 sur la diffusion des nombreuses violences infligées au streamer récemment décédé. Alors que la réglementation européenne est censée réprimer ce type de contenus, l’Arcom a ignoré ces signalements, sans justification valable. Une défaillance qui interroge sur ses priorités en matière de lutte contre la « haine en ligne ».
Le gouvernement avait annoncé avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) à la suite de la mort de Raphaël Graven, alias « Jean Pormanove », filmée en directe sur la plateforme Kick. Mais cette réactivité tardive ne trompe personne : le régulateur avait déjà été saisi bien avant ce drame, il y a plus de six mois. En effet, des signalements ont été faits dès décembre 2024, après que Mediapart a révélé les scènes de maltraitance et d’humiliation qui apparaissaient sur la chaîne du streamer suivie par 173 000 abonnés.
Violences en live, silence du régulateur
Comme le montrent les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux depuis son décès, le quadragénaire, porteur d’un handicap, était la cible de très nombreux sévices commis par ses co-animateurs du collectif le « Lokal TV » . L’utilisant comme souffre-douleur pour attirer les dons de spectateurs malsains, Jean Pormanove subissait coups, étranglements, décharges électriques, jets de parpaings ou de vomis, était privé de sommeil et forcé d’exécuter des actions dénigrantes durant des lives interminables, avec des mises en scènes destinées le plus souvent à profondément l’humilier. Choqué par ces séquences insoutenables, un lanceur d’alerte du média citoyen « Actu React » décide d’enregistrer ces contenus et de les mettre sur un Google Drive rassemblant plus de 3000 heures de stream.
Relevés par Mediapart, l’affaire sort sur la place publique à la fin de l’année dernière et interpelle la Ligue des droits de l’homme. Celle-ci décide alors de saisir le gendarme du numérique pour tenter de mettre fin à ces dérives sur la plateforme de streaming.
Dans son communiqué datant du 28 février dernier, l’association dénonçait la diffusion de ces « actes […] pouvant correspondre à des qualifications pénales », et demandait à l’Arcom d’intervenir, en « sa qualité de coordinateur chargé de la mise en œuvre du Règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act – DSA) », contre ces contenus manifestement illicites. Malgré ces alertes, l’autorité de régulation ne semble pas avoir bougé d’un pouce. Une passivité qui contraste de façon amère avec les engagements affichées de l’institution, d’habitude si prompte à revendiquer son combat contre « la haine en ligne » ou à s’alarmer contre des contenus qui n’ont, inversement, rien d’illégal.
Des excuses contredites par le DSA
Interrogée à l’époque par Mediapart sur cette négligence, l’Arcom s’était contentée de répondre qu’elle n’était « pas certaine que l’entreprise [Kick] bénéficie d’une représentation légale au sein de l’UE », sous-entendant qu’elle aurait eu les mains liés pour faire appliquer la réglementation européenne. Une excuse pourtant fausse. Car non seulement le DSA impose aux coordinateurs de s’assurer que les plateformes étrangères diffusant sur leur territoires nationaux ont fait cette désignation (art. 13-1), mais il est prévu qu’à défaut, « tous les Etats membres […] disposent de pouvoirs de surveillance et d’exécution » (art. 56-7). Ainsi, même en l’absence d’un représentant légal, l’Arcom disposait de pouvoirs étendus pour prendre des mesures contre la plateforme Kick. L’article 51 paragraphe 3-b précise par ailleurs que dans la cas où des manquements participent « d’une infraction pénale impliquant une menace pour la vie ou la sécurité des personnes », le coordinateur peut, en dernier recours, saisir la justice afin « d’ordonner une restriction temporaire de l’accès des destinataires au service concerné, ou […] à l’interface en ligne du fournisseur de services intermédiaires sur laquelle se produit l’infraction ». Difficile de ne pas voir que ces vidéos rentraient spécifiquement dans ce cadre.
« L’instance aurait dû exiger, en vertu du règlement sur les services numériques, d’être mise en relation avec un dirigeant de la plateforme et de prendre des mesures en attendant cela, chose qu’elle n’a donc jamais faite. »
En d’autres termes, si l’Arcom n’a pas réagi, c’est bien parce que l’Arcom n’a voulu rien faire. Elle aurait du a minima contacter la plateforme de streaming pour lui rappeler ses obligations — ce qu’elle semble avoir fait… il y a seulement deux jours. En effet, face au levé de bouclier qu’a provoqué le décès de Jean Pormanove, l’institution a fini par publier un communiqué dans lequel elle dit s’être informée « à ce jour » d’un représentant légal de Kick établi à Malte, et d’avoir transmis au coordinateur maltais la charge d’ouvrir une enquête en vertu du DSA. Autant de choses qu’elle aurait pu cependant faire des mois avant que ne se produise un tel incident grave. Surtout dès lors qu’une infraction pénale était suspectée. Ce qui était le cas : depuis décembre, le parquet de Nice avait ouvert une enquête pour « violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables (…) et diffusion d’enregistrements d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne ».
Cette inaction est d’autant plus injustifiable qu’elle a indirectement contribué à la continuité du supplice de Jean Pormanove. Le procureur de Nice avait notamment souligné que les persécutions dont il était victime étaient « parfois encouragés par des versements d’argent des spectateurs ». Or cette incitation financière à commettre des actes brutaux sur une personne vulnérable, qui plus est à la santé fragile, constituait une menace évidente pour la vie du streamer — même s’il est encore trop tôt pour déterminer si ces violences ont eu quelque chose à voir dans son décès. Quoi qu’il en soit, le blocage de ces diffusions auraient pu au moins empêcher ses tortionnaires de tirer un avantage certains à la poursuite de son calvaire. La responsabilité de l’Arcom, sur ce point, mérite d’être soulevée. Sur l’écran du streaming filmant les derniers instants de « JP », une cagnotte affichait la somme de 36 411 euros.
Owen Cenazandotti (à droite) et Yacine Sadouni (au centre) sont accusés d’avoir violentés « JP » pour attirer les dons sur Kick.
Une défaillance collective
L’Arcom n’est toutefois pas la seule à avoir failli à sa mission. Beaucoup s’interrogent sur le manque de réaction des autorités judiciaires alors qu’une instruction était ouverte depuis des mois. En janvier, la police avait placé en garde à vue deux des principaux streamers impliqués dans ces abus, Owen Cenazandotti (surnommé « Naruto ») et Yacine Sadouni (alias « Safine »), lesquels ont néanmoins été relâchés après 24h. On peine à croire qu’aucune injonction supplémentaire n’ait été prise pour stopper leurs comportements, au vu de l’escalade de violence que prenaient ces vidéos. Sur des images récentes, Raphaël Graven semblait particulièrement affaibli, présentant d’importantes blessures sur tout le corps et manifestant des signes de détresse, si l’on en croit des messages qu’il avait envoyés à sa mère, dont la lecture en directe était l’occasion d’une autre humiliation : « coincé pour un moment avec son jeu de mort (…) j’ai l’impression d’être séquestré avec ce concept de merde, j’en ai marre, je veux me barrer mais l’autre il veut pas, il me séquestre ». Sur une autre vidéo, Naruto exigeait que « JP » les décharge de toute responsabilité en cas d’arrêt cardiaque, déclarant que les « gens vont s’en prendre à nous alors que [ta mort] est due à tes 46 ans de vie minables ». Ces propos et agissements odieux sont restés sous les radars des autorités, de même que les très nombreux signalements sont restés sans effet. Dans un live enregistré quelques heures avant sa mort, Raphaël Griven a déclaré vouloir aller à l’hôpital, obtenant pour toutes réponses de violentes frappes au visage.
La ministre déléguée chargée du numérique, Clara Chappaz, s’était elle aussi illustrée par sa remarquable indifférence à l’époque des premières révélations sur ces méfaits — ce que n’ont pas manqué de lui rappeler les utilisateurs de X. Au lendemain du décès de Jean Pormanove, la ministre s’est exprimé sur le réseau social en qualifiant ce drame « d’une horreur absolue », tout en promettant que la saisie de l’Arcom entraînera des mesures contre Kick : « la responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion des contenus illicites n’est pas une option, c’est la loi », concluait son tweet. On se demande bien pourquoi ce sermon ne l’avait pas effleuré huit mois plus tôt. Sous son post, la plupart des commentaires citent l’article de Médiapart qui signalait que ces contenus violents sur Kick étaient alors « loin d’être une priorité dans [son] agenda ».
Ce matin encore, la ministre déléguée expliquait sur France Info qu’il ne lui était pas possible en tant que membre du gouvernement de « fermer un site » car il n’existerait pas de « bouton rouge« . Ce qui relève, là aussi, d’un gros mensonge. Il existe de nombreux cas par le passé de blocage de sites internets qui diffusaient des contenus illégaux, même lorsque ces sites étaient hébergés à l’étranger (soit la majorité du temps). A titre d’exemple, en 2013, le tribunal de grande instance de Paris a ordonné le blocage de seize plateformes de streamingqui diffusaient des films sans le consentement de leurs auteurs. Il y a deux ans, l’ex-ministre délégué au Numérique Jean-Noël Barrot avait saisi la procureure de la République pour des propositions pédocriminelles signalés sur le site « Ados ». Clara Chappaz bénéficiait, de fait, de tout un arsenal juridique pour prendre des mesures contre un hébergeur qui ne respecterait pas ses obligations au regard de la loi française. Son inaction, tout comme celle de l’Arcom, était donc parfaitement volontaire au motif d’un « agenda » différent.
Priorité à la censure « d’opinions »
En réalité, la ministre semblait alors bien plus préoccupée par les « opinions » diffusées sur X ou par l’arrêt du programme de fact-checking par Meta. Une position reflétée dans les pratiques de l’Arcom, qui a l’avantage de mettre en exergue les véritables « priorités » visées par le gouvernement derrière l’application du DSA. Les nombreux journalistes citoyens qui se sont vus supprimer leurs chaînes sur Twitch (à l’instar de nos confrères du Monde Moderne), bloquer leurs comptes sur Twitter (avant le rachat d’Elon Musk) ou avoir leurs contenus invisibilisés pour de faux prétextes de « désinformation » ne peuvent qu’en témoigner. Les directeurs de ces grandes plateformes ne s’en cachent d’ailleurs nullement. En juin dernier, devant la Commission d’enquête sur « les effets psychologiques de Tik Tok » à l’Assemblée Nationale, le responsable des affaires publiques de Youtube France avait déclaré qu’ils n’hésitaient pas à « réduire la visibilité [des] contenus qui ne franchissent ni la ligne de la loi française ni les conditions d’utilisations ».
« Nous devons mettre en place des outils qui vont permettre de nous assurer que les opinions, qui seraient de fausses opinions, peuvent être sorties de la plateforme. »
Clara Chappaz, Ministre déléguée chargée du numérique, en janvier 2025.
Notons que les véritables motifs de cette commission d’enquête étaient tout aussi transparents : elle faisait suite à une longue offensive de l’Arcom contre la prétendue « désinformation » sur TikTok. La rapporteure macroniste de cette commission témoignait de surcroît vouloir faire en sorte que les plateformes se montrent « plus vertueuses que le droit » en les incitant à censurer des « propos légaux ». Voilà qui a le mérite d’être clair. Quant aux « effets psychologiques » des contenus violents qui enfreignent ouvertement la loi, ce n’est tout simplement pas dans les « priorités »…
Le parallèle entre leur désintérêt pour les souffrances vécues par Jean Pormanove, et leur obsession pour faire taire des voix dissidentes, avec de faux préceptes moraux (« haine en ligne ») ou des concepts creux (« désinformation », « complotisme », ect) visant à flouter leur caractère légal, montre une fois de plus le cynisme de nos autorités. Mais cette affaire aura surtout permis de jeter une lumière crue sur leur hypocrisie : les contenus réellement préjudiciables peuvent circuler pendant des mois, voire des années, en toute impunité.
Ce constat n’est pas nouveau pour ceux qui s’intéressent aux logiques appliquées par ces politiques de censure. Lors de l’affaire du fonds Marianne, le gouvernement avait déjà montré qu’il était tout à fait capable d’exploiter des crimes liés au harcèlement en ligne pour financer des intermédiaires chargés de produire une propagande favorable au président ou nuire à ses opposants. On peut malheureusement craindre que la mort de Jean Pormanove soit de même instrumentalisée pour intégrer ce narratif. Hier, le député socialiste Arthur Delaporte déplorait cet évènement terrible comme la preuve que « l’Arcom n’a évidemment pas les moyens d’appliquer sa mission de contrôle et de sanction ». S’agirait-il d’abord qu’elle priorise un peu moins la censure de contenus légaux….
Lors des obsèques du pape François ce samedi 26 avril, une entrevue filmée entre Macron, Trump, et Zelensky suscite de nombreuses spéculations. Le Président se serait-il pris un revers après avoir voulu s’inviter dans une rencontre de grande importance pour les négociations vers la paix en Ukraine ? Si l’Elysée tente de démentir l’affaire, ses justifications maladroites ne tiennent pas.
C’est une photo qui prend des allures de communication ratée. On y voit Emmanuel Macron tenant par l’épaule le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui-même aux côtés du président des États-Unis, Donald Trump, et du Premier ministre du Royaume-Uni, Keir Starmer, lors d’une rencontre en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre du Vatican. Publiée sur le compte X de l’Élysée sous la légende « Pour la paix », l’image se veut immortaliser ces dirigeants du monde libre réunis ensemble pour tenter de résoudre un conflit qui menace depuis trois ans de tourner à la Troisième Guerre mondiale. La photo met particulièrement à l’honneur Emmanuel Macron, lequel semble dominer physiquement ses partenaires comme pour accentuer son rôle présumé de grande importance dans cette avancée vers une solution de paix.
Pourquoi cette photo est-elle trompeuse ?
Une vidéo de la séquence révèle pourtant une tout autre histoire. En réalité, il semble qu’Emmanuel Macron ait voulu s’inviter à une rencontre prévue entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, à laquelle il n’était manifestement pas convié. En effet, dans ce court extrait où l’on voit le président s’avancer pour rejoindre ses homologues, Donald Trump donne l’impression de s’interposer pour lui demander de rester à l’écart. En conséquence, une troisième chaise qui était initialement placée sur le lieu de la réunion est aussitôt retirée. Par la suite, les présidents ukrainien et américain s’entretiendront seuls en l’absence de Macron… et de la chaise qui lui était possiblement destinée.
Cette vidéo contredit donc directement la publication de l’Élysée qui suggérait la participation active d’Emmanuel Macron à cette rencontre historique. La scène en entier montre au contraire que sa présence n’était visiblement pas la bienvenue.
Un récit macroniste difficilement crédible
Si certains utilisateurs sur X n’ont pas manqué de critiquer la publication trompeuse à l’appui de cette vidéo, de fervents soutiens au président ont tenu à combattre ce qu’ils jugent être une mauvaise interprétation. À les en croire, Emmanuel Macron était simplement venu encourager cet entretien entre « Américains et Ukrainiens » qu’il aurait lui-même contribué à organiser avec le Premier ministre britannique, ne souhaitant nullement s’imposer comme un « troisième homme ». « C’est totalement faux », nous assure un proche du président dans Ouest-France, « on voit d’ailleurs bien sur la vidéo qu’il ne cherche pas à rester ». Quant à la troisième chaise retirée de la réunion, elle aurait été prévue pour un traducteur dont se seraient finalement passé Donald Trump et Volodymyr Zelensky.
Réfutation : ces explications paraissent bien peu crédibles à la lumière de la scène telle qu’elle a été filmée. On voit clairement que Donald Trump et Volodymyr Zelensky s’apprêtaient tout juste à s’asseoir lorsqu’ils furent interrompus par Emmanuel Macron survenant les saluer pour rejoindre la discussion à son tour. Loin de répondre réciproquement à l’accueil chaleureux du président français, Donald Trump effectue alors un geste explicite de la main droite comme pour lui faire «barrage», et lui adresse quelques mots (inaudibles) dans un hochement de tête qui semble traduire un refus. Si l’intention de Macron n’était pas de rester, on imagine mal pourquoi Trump aurait eu un tel geste envers le représentant d’un pays allié venu simplement « l’encourager ».
Par ailleurs, l’idée que la troisième chaise aurait été prévue pour un éventuel traducteur ne paraît pas davantage fondée : non seulement Volodymyr Zelensky, qui parle couramment l’anglais, n’y a jamais eu recours lors de ses précédentes rencontres avec le président américain ; mais de plus, la chaise avait été positionnée à égale distance des deux autres, au centre de la réunion, ce qui serait tout à fait inhabituel pour un traducteur. En général, ces assistants se placent légèrement en retrait de l’un ou l’autre chef d’État de façon à préserver un minimum de discrétion sur la tenue de la conversation. La position de cette chaise impliquerait plutôt une place réservée à un interlocuteur d’une hiérarchie équivalente aux autres acteurs de cette rencontre – autrement dit, une place qui aurait été tout à fait justifiée dans le cas d’Emmanuel Macron.
« Tu ne devrais pas être là. »
Bien que des fact-checkers prétendent qu’il serait « impossible de savoir ce que les trois présidents se sont dits lors de ce rapide échange », évitant ainsi de contrarier l’Élysée, la presse anglo-saxonne contribua inversement à enfoncer le clou. Au lendemain de l’épisode, le journal britannique The Sun publie le témoignage de Nicola Hickling, une experte anglaise de la lecture sur les lèvres, qui affirme avoir décrypté les mots prononcés par Donald Trump dans cette scène. Selon elle, le président américain se serait adressé à Macron en ces termes : « Tu n’es pas en position de force ici, j’ai besoin que tu me rendes un service, tu ne devrais pas être là. » Malgré toutes les réserves que cette interprétation impose en l’absence d’une bande-son, cette version corrobore le langage corporel de Trump, qui traduit de manière transparente une volonté de bloquer cette intrusion opportune. Autre élément relevé par la lectrice labiale : l’un des ecclésiastiques qui entourait les trois hommes se déplaça subtilement devant la caméra, comme s’il avait voulu cacher un échange qui devenait gênant…
L’échec d’une manipulation
Ainsi, la photographie diffusée par l’Élysée — capturée de toute évidence après la réunion entre Zelensky et Trump — figure une tentative grossière de réécrire la scène pour camoufler ce revers humiliant subi par Emmanuel Macron. Comble de la supercherie : la photo fut prise de sorte à faire paraître le président d’une taille bien plus grande qu’il ne l’est en réalité, donnant l’illusion qu’il dépasserait Donald Trump alors que, dans les faits, il mesure 17 cm de moins que le chef d’Etat américain (1).
La manipulation est d’autant moins subtile que l’Élysée s’attache depuis à défendre coûte que coûte ce scénario invraisemblable d’une « réussite diplomatique ». Deux jours après l’épisode, Paris Match publie l’interview d’Emmanuel Macron qui s’attribue dans un « nous » le mérite de ce « face-à-face historique » entre Trump et Zelensky : « Nous avons réussi, grâce à cet entretien au Vatican, à remettre la pression sur la Russie », déclare-t-il en titre de cet article qui assure que le président aurait « œuvré pour que cette rencontre ait lieu ». Dans d’autres tribunes, on loue son rôle supposé de «protecteur» du président ukrainien visant à empêcher l’homme fort de Washington de lui « forcer la main » pour établir des compromis avec la Russie — ce qui, dans l’esprit de la plupart de nos journalistes encartés, reviendrait à se soumettre à Hitler. Blanchi par sa volonté de protéger la nation contre un ennemi qui projette d’envahir l’Europe selon la doxa, Emmanuel Macron semble encore profiter des effets anxiogènes de son nouveau « Nous sommes en guerre », prononcé il y a deux mois. Un discours suffisamment persuasif pour inciter nos grands médias à étouffer toute information qui pourrait nuire à son crédit sur la scène internationale.
Le fait d’avoir été écarté par son « allié » d’une réunion majeure dont il espérait opportunément s’attribuer le succès ne trouvera quasiment aucun écho sauf sous peine d’être taxé de « fausses informations ». En témoigne le traitement réservé à Vincent Hervouët qui, sur le plateau de CNews, fit l’affront d’évoquer la lecture des propos présumés de Donald Trump rapportés dans The Sun. « Vous n’y étiez pas ! C’est totalement faux », répliqua l’Élysée sur le réseau X contre l’éditorialiste, ajoutant que «Beaucoup de fausses informations circulent. C’est indécent car ce qui se joue, ce sont des vies et notre sécurité collective ». Plus que « nos vies » et notre « sécurité collective », se joue surtout l’orgueil d’un président qui accumule les revers diplomatiques et peine à masquer ses efforts parfois grotesques pour redorer son image. Pas facile de conserver l’aura d’un « chef de guerre » quand on s’est fait surprendre à truquer ses photos pour grossir ses biceps…
(1) Emmanuel Macron mesurerait environ 1,73 m, tandis que Donald Trump mesure lui 1,90 m. (Source : taille Macron / taille Trump)
Le média fondé par Rudy Reichstadt s’attache depuis une dizaine d’années à épingler les « conspirationnistes » sur son site internet. Mais que cache cette ambition de vouloir ficher toutes sortes de personnalités au motif d’une expertise pseudo-scientifique autoproclamée ? Entre subventions publiques injustifiées et propagande macroniste, Rechecking a mené l’enquête.
Par Amélie Ismaïli
Nos amis de Tocsin ont été contactés par Conspiracy Watch pour leur poser des questions sur leur financement et leur ligne éditoriale prétendument « d’extrême-droite ». C’est un vrai progrès de la part de nos complotologues qui jusqu’ici, ne faisaient jamais l’effort d’aller chercher le contradictoire pour composer leurs articles incendiaires. Informée par Clémence Houdiakova (rédactrice en chef de Tocsin) de cette étonnante précaution, nous en avons profité pour envoyer nous-même une série de questions en espérant qu’elles puissent nous aider à comprendre leurs méthodes éditoriales et leurs moyens de financement. Hélas, le journaliste Victor Mottin, contributeur du média anti-complotiste, n’a pas souhaité faire preuve de réciprocité. Si nos questions resteront donc sans réponse, notre enquête démontre que Conspiracy Watch prend souvent quelques arrangements avec la vérité.
1. Une influence disproportionnée au prétexte d’une « expertise » pseudo-scientifique
À lire nos médias de grands chemins où il intervient souvent, « l’expertise » de Rudy Reichstadt pour lutter contre le « fléau » du « complotisme » ne ferait aucun doute. Lui-même s’est félicité devant le Sénat que son association bénéficie d’une légitimité « unanimement reconnue pour le sérieux de son action et la solidité de son travail ». Rudy Reichstadt n’a pourtant aucune qualification pour prétendre à cette autorité. Son expérience se limite à un diplôme de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, ainsi qu’une modeste carrière à la Mairie de Paris. D’autant que le thème dont il se dit « expert » n’existe pas en tant que discipline académique et suscite plutôt des réserves parmi les chercheurs. Le politologue Julien Giry, spécialiste des phénomènes de fausses rumeurs en ligne et maître de conférences à l’Université de Tours, estime que les « complotologues » médiatiques comme Rudy Reichstadt ont « confisqué l’expertise avec un discours de catastrophisation fondé sur du prêt-à-penser, sans aucune base empirique, alors que leurs positions sont marginales dans le champ universitaire » (Marianne, 2021). Les chercheurs Coralie Le Caroff et Mathieu Foulot soulignent que « la littérature scientifique concernant le complotisme est assez limitée et ne permet pas d’accéder aux modalités concrètes de production et de réception des discours conspirationnistes », se révélant « rapidement (…) une catégorie fourre-tout » (1). Même du côté des scientifiques partisans de la lutte contre le « complotisme », à l’instar de Sébastien Dieguez et Sylvain Delouvée, on admet qu’on « ne sait pas exactement en quoi il consiste, ce que peut bien être sa “structure monologique” (…). Il n’existe pas à ce jour de “théorie” psychologique définitive et consensuelle du complotiste » (2).
Autrement dit, « l’expertise » dont se réclame Rudy Reichstadt a tous les aspects d’une pseudo-science, c’est-à-dire une doctrine utilisée comme argument d’autorité sans reposer sur aucun critère de scientificité. Chose assez ironique pour quelqu’un qui se dit être un disciple de Karl Popper. D’ailleurs, lorsque Conspiracy Watch s’est exercé à produire un sondage pour la Fondation Jean-Jaurès, sondage qui affirmait que « huit Français sur dix [seraient] complotistes », même la presse n’a pas pu ignorer les énormes biais méthodologiques ayant permis d’arriver à ce résultat délirant. Et pour cause : beaucoup de sondés ne connaissaient même pas la « théorie » sur laquelle on leur a demandé de se prononcer !
Conférence de Rudy Reichstadft au Conservatoire des Arts et Métiers (CNAM), Paris, 29 octobre 2019.
Mais l’avantage de s’autoproclamer « expert » d’une discipline qu’on invente, c’est de s’offrir les garanties d’en avoir le monopole. Un monopole qui a permis à Rudy Reichstadt d’être très souvent sollicité au sommet de l’Etat. Comme l’a rapportéle journaliste Laurent Dauré pour Blast, Rudy Reichstadt a été « sollicité » dans pas moins d’une dizaine d’institutions publiques (Service d’information du gouvernement (SIG), le ministère de l’Éducation nationale, le ministère de l’Intérieur,Conseil national du numérique, la Miviludes, la Dilcrah, le Cnam…). Outre sa participation au rapport de la Commission Bronner sur les « Lumières à l’ère numérique » rédigé à la demande du Président Macron, il prodigue également depuis 2020 des formations auprès des agents de l’Unité de contre-discours républicain (UCDR)intégrée au SG-CIPDR (Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, à l’origine de l’appel à projet « Fonds Marianne ») et fait partie des membres de l’Observatoire de la haine en ligne de l’ARCOM. On sait aussi que Conspiracy Watch intervient dans les politiques de régulation directement auprès des plateformes des réseaux sociaux. En 2019, la directrice des affaires publiques de Twitter France (avant le rachat d’Elon Musk) témoignait devant une commission d’enquête à l’Assemblée Nationale que ses équipes travaillaient « avec des associations comme celle de Rudy Reichstadt », leur faisant bénéficier en échange de « publicité à titre gracieux ». Même témoignage de la part du Directeur de Tik Tok France, qui reconnait lors d’une réunion de débat public que Conspiracy Watch les aide à « débusquer les conspirations et supprimer les contenus afférents ». Au vue de la manière très subjective qu’ont nos complotologues pour désigner un « discours conspirationniste », marquée d’un biais politique manifeste (nous le verrons plus loin), on ne peut écarter qu’une telle influence ait pu conduire à la censure d’opinions diffusées en ligne qui n’avaient strictement rien d’illégales.
2. Une perfusion d’argent public pour des motifs parfois inexistant
Mais cette influence, au-delà d’être problématique, semble aussi être un formidable moyen de profiter des largesses de l’État et de ses deniers publics. D’après les données disponibles jusqu’en 2022 sur le site budget.gouv.fr (3), l’Observatoire du conspirationnisme perçoit une diversité de subventions annuelles pour des motifs qui suscitent l’interrogation. 30 000 euros leur sont versés chaque année depuis 2017 par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) pour la production de leur émission sur YouTube « Les Déconspirateurs », dont l’audience dépasse rarement quelques milliers de vues. Le SG-CIPDR participe aussi au financement de Conspiracy Watch à hauteur de 30 000 euros en moyenne dès 2019, subvention qui sera doublée à l’occasion du Fonds Marianne pour s’élever à plus de 60 000 euros versés tous les ans depuis 2021. L’association a également reçu à au moins deux reprises (2019 et 2021) une subvention de 20 000 euros au titre des « politiques d’EAC » (Éducation artistique et culturelle) pilotées par le ministère de la Culture.
Plus étrange encore, Conspiracy Watch a bénéficié de subventions de 15 000 € en 2020, de 30 000 € en 2021 et en 2022 (soit un total de 75 000 €), toutes versées au seul motif d’« accompagner l’organisation d’un concours international de dessin de presse contre le conspirationnisme et le négationnisme ». Problème : si un tel concours semble avoir été organisé en 2020, on n’en retrouve pas la moindre trace les deux années suivantes, alors que la dotation versée ces années-là a été le double du montant initial. D’autant plus que les lauréats de cet unique concours en 2020 ont reçu des prix pour un montant total de 7 000 €, remis discrètement lors d’un événement à huis clos dans le contexte des restrictions sanitaires.
A ces subventions régulières s’ajoutent une panoplie de « prestations » facturées par l’association et d’autres « soutiens » à des projets sur lesquels nous n’aurons aucun détail, pour des montants qui varient entre 400 et 4700 euros. Au total, si on s’appuie sur les dernières données disponibles pour l’année 2022, l’association de Rudy Reichstadt bénéficie d’au moins 130 000 euros chaque année de financement public, dans la plus totale opacité. Une somme légèrement supérieure à ce que Rudy Reichstadt déclarait lors de la commission d’enquête du Sénat sur le Fonds Marianne: devant les rapporteurs, il assurait ainsi que la part de financement public se limitait à 50% du budget général de l’association, budget qu’il évalue à « 230 000 euros environ ». Or 130 000 sur 230 000, c’est un peu plus que la moitié. À moins que le budget général de Conspiracy Watch soit plus important que l’estimation donnée… Il faut dire que ce ne serait pas la première fois que Rudy Reichstadt mente sur les financements qu’il reçoit du contribuable. En 2019,dans une intervention sur Europe 1, un présentateur radio lui demandait sur un ton d’humour s’il « n’était pas payé par le gouvernement pour affirmer que les français adhèrent de plus en plus aux théories complotistes » ; réponse de l’intéressé : « il est pas sûr que ce soit dans l’intérêt du gouvernement d’abord… et ensuite c’est pas le cas ». On imagine pourtant très bien l’intérêt qu’aurait le gouvernement à financer un média qui discrédite ses opposants politiques (comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen) en prenant la défense du Président.
Mais surtout, jusqu’en 2022, la page « Soutenez-nous » de Conspiracy Watch présentait faussement ne bénéficier « d’aucune subvention de l’Etat ». Un mensonge grossier démontré par notre confrère Greg Tabibian, qui a contraint la rédaction à modifier cette page pour intégrer un paragraphe qui fait la part belle aux circonvolutions : « si l’association éditrice de Conspiracy Watch bénéficie de co-financements publics sur certaines actions revêtant une dimension d’intérêt général […] elle ne bénéficie pas de co-financement concernant l’essentiel de son fonctionnement courant ou son activité de service de presse en ligne […]. Ces aides financières ne sont en outre sollicitées qu’au cas par cas et sans garantie de régularité dans le temps ». On serait bien curieux de connaître quelles sont précisément ces « actions » pour lesquelles Conspiracy Watch bénéficie de ces aides financières qui sont pour l’essentiel renouvelées chaque année.
Archive de la page de « Soutien » de Conspiracy Watch avant modification.
3. Une impunité surprenante dans le scandale du « Fonds Marianne ».
Le plus étonnant reste qu’en dépit de toutes ces subventions injustifiées au prétexte d’une « expertise » plus que contestable, Conspiracy Watch semble être totalement épargné d’une quelconque remise en cause par les autorités. Le scandale du Fonds Marianne en est probablement l’exemple le plus criant. En effet, ni la presse, ni les rapports menés par la Commission d’enquête du Sénat et l’Inspection générale de l’administration n’ont émis de charges explicites contre l’association de Rudy Reichstadt. Ce que ce dernier répète allègrement dès qu’il s’agit de questionner son rôle dans cette affaire. Pourtant, ce blanc-seing mériterait de soulever quelques doutes. En effet, comme nous l’avions montré dans notre précédente enquête, les principaux contributeurs de Conspiracy Watch (Rudy Reichstadt, Tristan Mendès France et Valérie Igounet) interviennent dans les contenus produits par au moins trois autres bénéficiaires du Fonds Marianne : la LICRA (95 000 € du Fonds Marianne), 2P2L (20 000 €) et SPICEE (70 000 €). En supposant que ces prestations aient été payées avec l’argent perçu par chacune de ces autres associations lauréates, la part du budget issu du Fonds Marianne dont a bénéficié Rudy Reichstadt et ses associés serait donc bien supérieure aux 60 000 € annoncés pour Conspiracy Watch. De plus, d’autres bénéficiaires ont également fait la promotion du média dans leurs propres contenus, à l’instar de Fraternité Générale, Génération Numérique et Bibliothèques Sans Frontières. Enfin, l’Institute for Strategic Dialogue (80 000€ du Fonds Marianne) figurait comme co-financeur du projet « Ripost », porté par Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France, un an avant d’avoir été sélectionné dans l’appel à projets du Fonds Marianne. Un partenariat tellement solide que Sacha Morinière, analyste pour ce think tank qui s’avère être un énième représentant du soft power américain, est devenue rédactrice permanente pour la version anglophone de Conspiracy Watch. Ainsi, si l’on additionne les subventions versées à des organismes collaborant de manière avérée avec Rudy Reichstadt, on arrive à un total de 325 000 € de projets financés par le Fonds Marianne. Et ce, alors même que Conspiracy Watch n’a publié aucun contenu original qui traite du thème du radicalisme islamique à l’origine de l’assassinat barbare de Samuel Paty.
Page de présentation du projet « SAPIO » porté par la LICRA, financé par le Fonds Marianne pour 95000€.
Et ce n’est pas tout. Il est très surprenant que Conspiracy Watch n’ait nullement été inquiété par les accusations entourant le Fonds Marianne sur le financement de contenu politique qui critique des opposants à Emmanuel Macron en période électorale, accusation portée spécifiquement par Mediapart contre l’association Reconstruire le commun.
Or pour ce qui concerne Reconstruire le commun, cette accusation se révèlera pour partie mensongère : aucun contenu critiquant des personnalités politiques n’a été publié par cette association pendant la période des élections présidentielles, contrairement aux allégations de Mediapart. Allégations d’autant plus fallacieuses que l’administration du CIPDR lui avait reproché, non pas d’avoir publié des « contenus à l’encontre d’opposants d’Emmanuel Macron », mais au contraire d’avoir diffusé des critiques particulièrement acerbes envers des membres du Gouvernement (qualifié « d’autoritaire », de « parti unique » ou « d’extrême-centre ») notamment une vidéo qui fustige la politique sanitaire d’Emmanuel Macron, ou encore une tirade humoristique dans laquelle Olivier Véran est comparé à « la poupée de Jeff Panacloc [qui n’a pas] de volonté propre ni l’initiative de ses paroles ». Le journal de Edwy Plenel a donc ouvertement menti en prétendant que ces contenus ont « égratigné à peine le chef de l’Etat ».
Mais a contrario, cette accusation aurait été parfaitement justifiée dans le cas de Conspiracy Watch. Le média « anti-complotiste » a publié de nombreux contenus critiquant des adversaires d’Emmanuel Macron tout en prenant la défense du Président pendant la période éléctorale, présidentielle et législative. Dans une vidéo des Déconspirateurs datant du 27 mars 2022 (deux semaines avant le scrutin présidentielle), le complotologue s’insurgeait d’un soi-disant « procès en illégitimité » fait à Emmanuel Macron par plusieurs candidats, phénomène qu’il qualifie « d’inquiétant » car le président serait selon lui « le mieux élu de toute la cinquième république ». Le même jour, un sondage de Conspiracy Watch présentait que les « complotistes » seraient « surreprésentés chez les sympathisants de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon ». Le 3 avril (soit une semaine avant le premier tour des présidentielles), une édition de Conspiracy News présente l’affaire McKinsey comme une « fausse » affaire instrumentalisée par des « complotistes » car le cabinet serait, selon eux, le « coupable idéal […] des ennemis de la démocratie occidentale ». Le 5 avril 2022 encore, à cinq jours du scrutin, Conspiracy Watch publie un article affirmant que les « amis russes » de Jean-Luc Mélenchon se seraient « compromis, à des degrés divers, avec la rhétorique nationaliste et complotiste du Kremlin », faisant soupçonner le candidat de la France Insoumise d’être un sympathisant du régime de Vladimir Poutine. Enfin le 14 juin 2022, entre les deux tours des élections législatives, Conspiracy Watch publie un long article qui associe plusieurs députés du RN et de la NUPES, dont certains sont encore dans la course électorale, à des figures complotistes, antisémites, voire négationnistes. Sous le titre « Législatives 2022 : ces députés auxquels vous avez échappé… et les autres ! », ce pamphlet est une véritable croisade contre les principaux partis de l’opposition au parti présidentiel, sans émettre la moindre critique envers un candidat LREM.
Ces contenus contrastent pourtant fortement avec ceux publiés par Reconstruire le commun à la même période, qui leur a valu d’être la cible de la presse et de l’enquête de la Commission sénatoriale. Le mensonge du journal d’investigation est d’autant moins pardonnable qu’à l’époque de la campagne présidentielle de 2017, Conspiracy Watch avait lancé une lourde charge contre Mediapart pour avoir produit une vidéo « aux relents complotistes » qui « entonnait les sirènes de la démagogie populiste la plus crasse » en critiquant Emmanuel Macron !
Si commme les journalistes l’affirmaient , « utiliser des moyens publics pour influencer le résultat d’un scrutin est, en théorie, rigoureusement interdit »comment expliquer qu’ils aient pu ignorer les contenus davantage problématiques d’une autre association qui les avait rudement attaqués, en ayant eu accès à la liste de l’ensemble des lauréats du Fonds Marianne ? Pourquoi calomnier Reconstruire le commun quand il n’était pas nécessaire de mentir dans le cas de Conspiracy Watch ? Se pourrait-il qu’il y ait eu une « consigne » pour n’enquêter que sur deux bénéficiaires, protégeant Monsieur Reichstadt de toute polémique en lien avec ses services rendus au sommet de l’État ? On se doute qu’une telle question sera aussitôt qualifiée de « complotiste » à défaut d’en obtenir une réponse.
4. Une mission de propagande politique au service d’Emmanuel Macron.
Ces exemples de contenus produits par Conspiracy Watch pendant la campagne électorale sont cependant loin d’être les seuls à refléter un biais partisan manifeste envers Emmanuel Macron. Rudy Reichstadt d’ailleurs, ne s’en cache pas vraiment : il a voté pour lui aux deux dernières présidentielles. Au point qu’on en vient à se demander si la dénonciation de « complotisme » n’aurait pas d’abord pour but de dénigrer les opinions qui s’opposent à la politique du gouvernement. C’est manifestement le seul trait commun aux personnalités dénoncées sur son blog. En dehors des partis du centre Macron-compatible, tout le spectre politique y passe : de Jean-Luc Mélenchon aux leaders du Rassemblement National, des Gilets Jaunes aux souverainistes (Florian Philippot,François Asselineau, ou encore Georges Kuzmanovic), de Usul à Fdesouche en passant par Aude Lancelin…Il n’est pas bien difficile d’en conclure que le « complotisme »résideavant-tout dans la contestation du pouvoir en place.
Ainsi, les personnes qui soupçonnent la corruption au sein de l’exécutif se retrouvent disqualifiées au même titre que les antisémites. Rudy Reichstadt l’assume : il considère qu’il n’y a pas de « bon complotisme » car « les théories du complot qui mettent en accusation les puissants, les multinationales, les services secrets, ect » relèveraient du même « glissement » que les croyances « platistes », « racistes ou antisémites » (Conférence au CNAM).Pourtant, le complotologue se révèle pour le moins indulgent lorsqu’une théorie du complot émana directement du chef de l’État : dans l’affaire Benalla, Emmanuel Macron avait en effet accusé ses opposants d’avoir organisé un « coup monté » contre lui sans la moindre preuve, ce que Rudy Reichstadt estima être une « hypothèse moins absurde que d’autres ». Une indulgence qu’il ne réserve curieusement pas à ses opposants, comme lorsque Jean-Luc Mélenchon qualifiait « d’opération de police politique » la perquisition de son domicile en 2018 ; là, Conspiracy Watch n’hésitait pas à parler d’ « accusations aventureuses nimbées de complotisme ». Je m’étonne aussi personnellement que l’utilisation de la formule « Etat profond » dans certains de mes tweets passés ait pu faire de moi une « figure montante de la complosphère » selon le blog de Rudy Reichstadt, quand la même formule prononcée par le chef de l’Etat ne fasse l’objet d’aucune mention sur Conspiracy Watch…
Ce parti-pris manifeste n’est toutefois pas sans risque. Le fait que le Ministère de l’intérieur se mette à recruter des « responsables complotisme » témoigne de l’influence grandissante de Rudy Reichstadt sur les politiques publiques. De quoi inquiéter que ce qu’il désigne comme une « menace » ne finisse par convaincre de prendre des mesures contre des opinions qui ont pourtant pleinement leur place dans un débat démocratique.
5. Mensonges, contradictions et victimisation
Tous ces éléments sont de nature à contredire la promesse de Conspiracy Watch de travailler dans un « esprit de totale indépendance » qui ferait toujours preuve de « rigueur, délicatesse et sens de la nuance ». Pour la « rigueur » scientifique, on repassera, tant Rudy Reichstadt peine à définir le « conspirationnisme » sans se noyer dans ses propres contradictions. Lorsque, dans un séminaire de la Règle du Jeu en 2012, on lui demande ce qui distingue un discours « conspirationniste » d’une saine « vigilance citoyenne », le complotologue répondait que c’est une « question de méthode » qui consiste à « toujours se poser la question de la vraisemblance de ce qu’on nous propose ». Or quelques années plus tard sur France Inter, il dit tout l’inverse : « il n’y a pas de lien entre la vérité et le fait qu’une information soit convaincante » expliquait-il pour interpréter le « succès » du « complotisme » .
Le principe de vérité ne semble toutefois pas davantage guider la ligne éditoriale de Conspiracy Watch. En mars 2020, le média avait fait grand bruit en publiant un autre de leur sondage qui alléguait qu’un quart des Français « pensent (à tort) que le Covid-19 est provoqué par un virus fabriqué en laboratoire, soit intentionnellement, soit accidentellement », les deux thèses (intentionnelle ou accidentelle) étant alors indifféremment qualifiées sur le site de « théorie du complot » infondée. Tous les fact-checkers, notamment Julien Pain, avaient relayé cette statistique sur ce qui était alors présenté comme une « fausse information ». Evidemment, il était aussi question de montrer que ce sont les partisans des « extrêmes » (RN et LFI) qui seraient les plus sensibles à cette thèse – ou plutôt « cette croyance complotiste » comme le prétendait Conspiracy Watch. Mais voilà qu’au bout d’un certains temps, cette hypothèse est finalement prise au sérieux par la communauté scientifique, y compris l’OMS.Loin de s’excuser d’avoir jeté le discrédit sur une opinion tout à fait recevable, Rudy Reichstadt plonge de nouveau dans le mensonge avec une bonne dose de mauvaise foi : « l’idée que le Covid-19 aurait été le fruit d’expériences de gains de fonction menées en laboratoire sur un coronavirus naturel et s’en serait échappé accidentellement ne me paraît ni complotiste ni absurde » déclara-t-il en 2021, en contradiction complète avec le sondage auquel il avait participé 1 an plus tôt.
Reste qu’en disant tout et son contraire sur ce qui conviendrait de ranger derrière le mot « complotisme », Rudy Reichstadt échoue à démontrer une quelconque « autorité » qui justifierait son influence au sein de l’État, pas plus que n’est justifié tous ces financements publics en pleine crise budgétaire. Contre ceux qui s’indignent de son entreprise de fichage politique fondée sur un parti-pris évident et une scientificité absente, le fondateur de Conspiracy Watch ne semble avoir d’autre réponse qu’un discours de victimisation. Il en d’ailleurs consacré un livre (4) et se plaint du « harcèlement » qu’il dit subir à chaque fois qu’il lui en est donné l’occasion de parler dans les médias, c’est à dire très souvent. La moindre critique fondée sur des faits lui provoque une réaction outrée comme si elle participait d’une menace de mort. Il reprocha même à Check-news d’avoir osé respecter la Charte de Munich (chose assez rare pour être soulignée) en corroborant certains éléments qui suscitent l’interrogation sur son rôle dans l’affaire du Fonds Marianne. En s’abstenant de répondre à la question de savoir s’il en aurait « indument bénéficié », les fact-checkers de Libération se voient reprocher d’avoir donné raison à « des gens qui rêvent littéralement de danser sur [sa] tombe », rien de moins.
Finalement, on serait tenté de croire que le statut de victime « d’un lynchage ignoble » figure un joker bien pratique quand on préfère éviter de répondre aux questions qui dérangent.
(2) Sébastien Dieguez, Sylvain Delouvée, Le complotisme.Cognition, culture société, Bruxelles, Mardaga, 2021, pages 184 et 244.
(3) Les données sont issues des dossiers « Jaunes Budgétaire » / « Effort financier de l’Etat en faveur des associations » (exercice 2020, 2021, 2022 et 2023)
(4) Rudy Reichstadt, Au coeur du complot, Grasset, 2023.
*Mise à jour au 13.03.2025 : modification du texte de la 3ème section (contenus de Reconstruire le commun / contenus de Conspiracy Watch), modifications de la mise en page, ajout de caractères gras, ajouts et modifications d’image (+légende), correction stylistique.
*Mise à jour au 18.03.2025 : la citation de l’article de Laurent Dauré était erronée, elle a été donc modifiée (« conseiller » -> « sollicité »).
Après une série d’articles particulièrement à charge, l’essayiste Idriss Aberkane avait déposé trois plaintes contre le patron de l’Express et les journalistes Victor Garcia et Alix L’Hospital. Ces derniers ont été officiellement mis en examen pour les chefs de diffamation publique, selon nos informations confirmées par le Parquet de Paris.
C’est la deuxième fois qu’Alain Weill est poursuivi en justice pour des fausses rumeurs colportées dans l’hebdomadaire qu’il dirige. En mars 2021,le Tribunal de Paris l’avait déjà condamné pour diffamation publique assortie d’une obligation de verser 1000 euros à Abdelaziz Hamida, maire de Goussainville, deux ans après que l’Express eut relayéle mensonge que le franco-marocain était « fiché S ». Blanchie par la presse subventionnée comme une nouvelle certifiée, la fake news aux relents racistes avait été largement relayée dans les médias français, au contraire de cette condamnation qui est passée sous silence, n’apparaissant évidemment pas sur la page Wikipedia du condamné. Malgré des sociétés sous asphyxie financière (qui n’empêche pas ses rémunérations faramineuses), les soupçons d’évasion fiscale ou les procès de ses ex-employés, Alain Weill est de ces hommes d’affaire qui investissent dans les médias à la faveur d’une couverture toujours bienveillante, voire victimaire. Cette mise en examen ouvre la possibilité de venir ajouter une autre ligne au tableau de ses préjudices en coulisse.
Parmi les griefs à l’origine de la plainte déclenchant cette procédure figure notamment un article publié en juillet 2022 dans lequel Victor Garcia et Alix L’Hospital multiplient les allégations contre Idriss Aberkane, l’accusant, toujours dans des termes vagues mais accablants, d’avoir « surgonflé » son CV, de mentir sur ses expériences en recherche scientifique et de manipuler son public tel un « gourou » des « sphères complotistes et antivax » sur fond d’une carrière supposément remplie de « déboires financiers ». Un brûlot cochant tous les éléments de langage qu’avaient cependant anticipé le conférencier, prenant soin de filmer et de diffuser publiquement l’entretien avec les deux journalistes alors qu’ils l’interrogeaient pour préparer leur article. Le stratagème n’a pas du tout été apprécié par Victor Garcia et Alix L’Hospital qui se montrent en grande difficulté dans cette vidéo, leurs questions très orientées se heurtant systématiquement à l’éloquence maîtrisée de leur interlocuteur. Après une tentative de censure par mise en demeure, France Soir avait décidé de republier la scène sous le titre de « l’ExpressGate ».
Le Character assassination en concept publicitaire
Selon les reproches formulées par les avocats du plaignant, les journalistes de l’Express auraient composé leur article essentiellement à partir d’allégations infondées voire fausses, de « propos biaisés » et de « raccourcis grossiers », susceptibles de caractériser une volonté de nuire. Le récépissé de la plainte invoque que Victor Garcia et Alix L’Hospital se sont appuyés, pour seules et uniques « preuves », sur le témoignage de « pseudo-spécialistes » choisis pour leurs positions notoirement opposées à celles du conférencier, et des compétences qui font défaut sur les sujets critiqués. On y retrouve d’ailleurs l’opinion d’un certains Thomas Durand qui voue depuis des années une obsession manifeste envers Idriss Aberkane, devenu une sorte de « vache à lait » de sa chaîne Youtube pour s’accaparer des vues. Victor Garcia avait déjà loué le zététicien-en-chef dans un précédent article le présentant faussement comme « président de l’association ASTEC » – ce qu’il n’est pas censé être, au risque d’avoir quelques petits problèmes avec l’administration fiscale en s’auto-rémunérant avec la trésorerie (2)… Le magazine rebaptisé « l’Ex-presse » par ses anciens salariés n’est décidément plus à un mensonge près. Mais à quoi s’attendre d’autre venant d’un journal qui juge que la Charte de Munich n’est qu’un « totem complotiste » ?
(2) l’ASTEC étant une association loi 1901 dite « à but non-lucratif », le président ne peut être rémunéré au-dessus de la limité tolérée des 3/4 du SMIC, sous peine d’être redevable des impôts commerciaux. (Source : service-public.fr)
Nul doute que ce titre accrocheur conduira ces mêmes officines à nous prodiguer le sobriquet fourre-tout de « complotisme ». Pourtant, les révélations de cette enquête sur le Fonds Marianne prouvent que de nombreux éléments ont été – volontairement ou pas, telle est la question – passés sous silence par la presse subventionnée, au risque de mettre à mal une doxa soigneusement protégée par la cooptation des élites journalistiques. Et si le fonds de « lutte contre le séparatisme et le complotisme » en réponse à l’effroyable assassinat du professeur Samuel Paty avait servi de prétexte pour financer d’obscures agences de propagande destinées à promouvoir la censure d’opinion politique qui dérange le pouvoir en place ?
Résumé. Selon les enquêtes de plusieurs organes de presse (Mediapart, Libération, France Télévisions et Marianne), le « Fonds Marianne » aurait pu être détourné au profit d’associations à l’origine de campagnes de dénigrement contre des opposants à Emmanuel Macron. Plusieurs associations bénéficiaires ont été épinglées pour avoir à la fois rémunéré des activistes proches du Printemps républicain (à l’instar de Mohamed Sifaoui) avec des montants injustifiés, mais aussi financé la production de vidéos critiquant ouvertement des personnalités politiques de gauche (Mathilde Panot et Anne Hidalgo en tête) en pleine période électorale. De nombreux soupçons pèsent ainsi sur ce fonds créé en réponse à l’effroyable assassinat du professeur Samuel Paty sous couvert de lutter contre le « séparatisme », suffisamment pour engager une commission d’enquête parlementaire au Sénat afin de faire la lumière sur une répartition particulièrement obscure. Mais si la presse subventionnée ne semble s’intéresser qu’à seulement deux des dix-sept organismes bénéficiaires révélés par le service Check-News de Libération, le journalisme citoyen s’est intéressé de plus près à ces 15 autres associations présentées comme ne semblant « pas poser problème » d’après le sénateur Claude Reynal. Difficile, en réalité, d’adhérer à ce constat sous forme de « circulez, il y a rien à voir » quand on observe les liens obscurs de plusieurs de ces officines avec des institutions qui, au contraire de leurs objectifs apparents, n’ont rien de politiquement neutre.
PARTIE 1 : La promotion de Conspiracy Watch et de ses trois bénéficiaires par de l’argent public.
Capture de l’émission #18 de « Les Déconspirateurs », sur la chaîne Youtube de Conspiracy Watch.
En pleine promotion de son nouvel essai, Au cœur du complot -lequel, malgré une intense couverture médiatique, ne parvient toujours pas à concurrencer les livres « complotistes » qu’il s’était entrepris de fustiger sans jamais aborder leurs contenus(1) – Rudy Reichstadt a dû de nouveau affronter les foudres de ses opposants sur les réseaux sociaux depuis que Check-News a listé son média parmi les bénéficiaires du Fonds créé en mémoire à Samuel Paty, avec une généreuse subvention de 60 000 euros. Il faut dire que depuis qu’il dédia son combat au « fichage » de personnalités aux opinions divergentes des siennes, souvent par un ensemble d’amalgames et d’étiquettes fourre-tout, l’essayiste a vu s’accumuler au fil des années les commentaires les plus virulents à chaque publication sur son compte Twitter. Un harcèlement dont il se glorifie en guise d’argument publicitaire pour son ouvrage, sans faire l’économie d’une certaine victimisation. Ce complexe de « martyre héroïque » se nourrit de ses accusations d’antisémitisme dont il qualifie quasi-systématiquement ses adversaires ; pourtant, les critiques qu’il reçoit sont loin de n’émaner que des identitaires radicaux. En 2019, un article de l’hebdomadaire Marianne pointait ses (trop) nombreuses « contradictions » à travers « un filtre politique militant », pouvant rendre sa lutte « contre-productive ». Du côté des partisans de gauche, l’association Acrimed dédiée à la critique des médias l’accuse ironiquement d’avoir lui-même propagé une « théorie du complot » sans fondement autour du « Russiagate » (2) ; tandis que le Monde Diplomatiquele décrivit comme un homme adoubé par la presse mainstream « qui n’a pourtant rien d’un chercheur » et n’aimant ni « les critiques », ni « ce qui lui paraît trop à gauche ». Présenté régulièrement comme un « politologue » qu’aucun diplôme ne semble justifier, celui que Marlène Schiappa estime bénéficier d’une « réputation sans équivoque » apparaît en réalité souffrir d’un biais politique proche de la Fondation Jean Jaurès dont il est issu, un think tank réputé pour être proche du parti d’Emmanuel Macron. Ce qui fait de Conspiracy Watch une organisation non « politiquement neutre », à l’instar des deux premiers bénéficiaires qui ont fomenté ce scandale.
Une subvention doublée
Mais au-delà de ce défaut de neutralité, les conditions d’attribution de cette subvention d’argent public manquent d’avoir été remplies par le média de Rudy Reichstadt, au regard des documents analysés par Check-News. D’une part, aucun contenu du projet « RiPOST » pour lequel elle fut spécifiquement attribuée ne semble avoir été créé pour la cible des « 12-25 ans » alors qu’il s’agit de l’un des principaux critères d’éligibilité (3). D’autre part, bien que ce fonds fut initialement présenté sous couvert de combattre le « séparatisme islamique » qui motiva le meurtrier du professeur d’histoire-géographie, la contribution de Conspiracy Watch sur ce sujet apparait comme bien « marginale » selon le quotidien – et surtout, pas vraiment spécifique à un public français comme le remarqua un internaute sur le réseau Twitter (4). Pour se justifier, l’expert « anti-conspi » rétorqua que le Fonds Marianne mentionnait de lutter contre « le complotisme », au cœur de son combat. Il omet cependant d’admettre que ce tragique évènement fut l’occasion d’une manne financière pour son association : en effet, alors que l’Observatoire du Conspirationnisme recevait depuis 2018 une subvention du CIPDR « d’un peu moins de 30 000 euros » de l’aveu même de Reichstadt, et dont ce Fonds se serait « en partie substitué », ce montant doublé d’argent public fut renouvelé en 2023, soit en dehors du calendrier de ce fonds. Ce qui a déjà de quoi réservé à cet évident bénéfice une connotation particulièrement infâme.
Le problème – et ce sur lequel Libération a choisi de ne pas trop regarder, sûrement pour préserver l’admiration de son directeur éditorial pour Rudy Reichstadt – c’est que le bénéfice engendré par Conspiracy Watch ne semble pas se limiter à ces 60 000 euros. Rudy Reichstadt et ses collaborateurs réguliers n’ont pas seulement contribué au contenu produit pour motiver cette unique enveloppe, mais aussi… pour 3 autres bénéficiaires de ce même « fonds », totalisant un budget de 245 000 euros alloué à des projets faisant leur promotion, à des degrés divers.
La Licra
Commençons par la Licra, qui s’est vue offrir 95 000 euros pour la création de la plateforme « Sapio », un « campus numérique » ayant vocation à fournir des ressources pédagogiques « à destination des élèves, étudiants, enseignants et intervenants scolaires ». Ces « ressources » apparaissent en majorité sous forme de vidéos au format court, centrées sur des questions autour du racisme, de l’antisémitisme, de la laïcité mais aussi (surtout) du « complotisme ». Sur ces points et à la différence de Conspiracy Watch, force est de constater que le projet répond parfaitement aux critères d’éligibilité du Fonds Marianne. Problème : sur la page principale, c’est la figure de Rudy Reichstadt qu’on découvre particulièrement mise en avant. Le « complotologue » apparaît en effet être le seul interviewé dans 6 des 8 vidéos composant la rubrique « comprendre » – en sachant que les deux autres sont ni plus ni moins que des entretiens de la seconde directrice de CW, l’historienne Valérie Igounet.
Capture de la home-page sur le site internet de Sapio.
C’est bien plus que les « une ou deux vidéos » que Monsieur Reichstadt dit avoir fait pour ce projet dans l’article de Check-News, une ultra-minimisation que les « fact-checkeurs » n’ont pas (ou plutôt feint de ne pas) relever. En parcourant davantage le site, on retrouve également l’importante contribution de Tristan Mendès France : l’autre « expert » de l’anti-conspirationnisme co-gérant du projet « RiPOST » ressort dans non moins de 29 résultats de recherche, dont 8 vidéos d’interviews. Précisons cependant, en vertu d’une présentation honnête des faits, que plusieurs « experts » parmi ces « contenus-ressources » ne semblent pas avoir de lien avec la fondation de Rudy Reichstadt. Mais outre qu’ils sont davantage légitimes par leur statut de chercheur, le contenu du site nous montre une contribution bien moindre. Par exemple : plusieurs vidéos font l’interview de Boris Adjemian, un docteur en histoire qui dirige la Bibliothèque NUBAR, mais seulement sur le thème du génocide arménien. En comparaison, Tristan Mendès France, qui n’est docteur en rien, contribua à tous les thèmes listés par la plateforme sauf celui du sport. Et contrairement à Reichstadt, l’historien chercheur n’apparaît pas sur la page principale du site. Quoi qu’il en soit, le fait que « Sapio » participe à la promotion des acteurs de Conspiracy Watch est d’une évidence grossière. Tellement grossière que Check-News – bien qu’en ayant soigneusement omis son ampleur – interrogea la Licra sur ce soupçon d’un double financement, laquelle réfuta ne pas avoir « rémunéré l’expert ». En admettant que cette réponse soit honnête, une telle publicité auprès d’un public cible de professeurs et d’étudiants peut engendrer de bien des manières un potentiel bénéfice indirect, dès lors qu’il s’agit de pseudos « experts » qui vivent d’appels aux dons, de services privés ou de la vente de livres.
AP2L et la série « Conspirations ? »
Et en matière d’œuvre promotionnelle pour Rudy Reichstadt et ses alliés, on peut dire que la série « Conspirations », pour laquelle l’agence de production AP2L a reçu 20 000 euros du Fonds Marianne, représente un bel exemple. Sur ces dix vidéos diffusées par la chaîne LCP, la moitié est consacrée à sa parole unique, tandis que la moitié restante est réservée à celle d’un autre de ses plus proches collaborateurs connus, le journaliste Thomas Huchon.
Série « Conspirations ? » diffusée sur la chaîne LCP.
Il n’est d’ailleurs pas nouveau que les deux hommes s’associent autour de projets communs. Outre sa participation régulière à l’émission « les déconspirateurs », Thomas Huchon est notamment le réalisateur de « Infodemic: comment le covid19 est devenu la machine à conspis », un documentaire de 29 minutes principalement composé de l’entretien avec deux « experts » de l’anti-complotisme : Gérald Bronner, et surtout, Rudy Reichstadt. Or, il se trouve que l’entreprise à l’origine de sa production, la plateforme de streaming Spicee, figure aussi – quelle heureuse coïncidence ! – parmi la liste des bénéficiaires du Fonds Marianne, dont elle reçut la modeste somme de 70 000 euros.
Image extraite de « Infodemic : Comment le covid19 est devenu la machine à conspi », réalisé par Thomas Huchon et diffusé sur Spicee.
Spicee Educ
Toujours selon Check-News, cette subvention aurait servi à la création de « Spicee Educ », d’un modèle très similaire au projet « Sapio » avec des contenus à vocation « pédagogique » davantage centrés sur le thème du « complotisme » et de la désinformation. A la différence notable que les « ressources » présentées ici n’ont rien de productions originales : il s’agit, en majorité, de vidéos divisées en formats courts, dont une partie étaient produites bien avant 2021. Si certaines étaient disponibles en accès libre via d’autre médias (on y trouve, par exemple, la série « Oh My Fake » du quotidien 20minutes, « l’Escape News » présenté par Thomas Soto sur la chaîne France 4, ou encore la série « Mytho » pour laquelle une autre association bénéficiaire (Lumière sur Info) a reçu 50 000 euros) elles sont pour la plupart tirées de documentaires produits et diffusés par Spicee. Et là aussi, on peut dire que Rudy Reichstadt bénéficie d’une présence de choix. Parmi ces contenus, on retrouve le fameux Infodemic dans lequel le « complotologue » est co-exclusivement interviewé, découpé en 6 vidéos dans le parcours « Théorie du complot », 11 vidéos de « Covid19 : Fantasmes et mensonges » (formant l’essentiel du ce parcours), et 6 vidéos dans celui intitulé « Le cerveau : ami ou ennemi ? ».
Reichstadt semble être aussi le seul sujet filmé de la série « Le petit dico des conspis » (du moins, d’après l’extrait que nous avait pu retrouver sur Youtube) intégré dans le premier parcours (9 vidéos) et le troisième baptisé « Educations aux médias » (8 vidéos). Quant à Thomas Huchon, il est tout simplement partout. Outre cette distribution d’Infodemic, ses autres réalisations Conspi Hunter : comment nous avons piégé les complotistes, Conspi Hunter : spécial 11 septembre, Unfair Game, comment Trump a manipulé l’Amérique, la Nouvelle fabrique de l’opinion,L’homme qui murmurait à l’oreille de Trump et Scandale Cambridge Analytica, nouvelles révélations – bref, autant dire l’intégralité de sa filmographie se retrouve sous forme décomposée ou non (5). On y découvre même la capsule qu’il avait faite pour le média Konbini sur l’effet « Dunning-Kruger » par au moins deux fois. C’est dire si « Spicee Educ » ressemble tout simplement à une plateforme promotionnelle pour le journaliste « ami » et contributeur de Conspiracy Watch.
Notons au passage que, pour ce qui est de la pertinence de ces « ressources » en matière de lutte contre les fake-news, on repassera. Dans le cas de Infodemic, c’est près d’un quart du documentaire qui est consacré au sondage mené par la fondation Jean Jaurès (en partenariat avec Conspiracy Watch), censé montrer que l’idée que le virus Sars-Cov-2 a été fabriqué en laboratoire serait non seulement fausse mais surtout essentiellement partagée par des partisans de l’extrême-droite. Une sorte de minable déshonneur par association pour une hypothèse qui, comme on le sait, est désormais considérée comme la plus plausible par bon nombre de scientifiques et admise par l’OMS elle-même. Cette réfutation erronée, largement propagée par les « fact-checkeurs » avant de devoir faire volte-face dès 2021, se retrouve dans la séance 3 du programme « Covid, Fantasme et Mensonges » de Spicee Educ. Sous la partie intitulée « Les personnalités n’ont pas toujours raison ! », l’éducateur est invité à présenter aux élèves le cas suivant : « Le professeur Montagnier, prix Nobel de Médecine, affirme que le Covid19 a été fabriqué en laboratoire. Quelle peut-être la conséquence de cette affirmation sur le grand public ? Pourquoi ? ». L’idée est de montrer qu’il faut se méfier de la « crédibilité » que nous donnons à une personne de par son statut. Il y est également proposé un « atelier » pour montrer comment les « complotistes » utilisent une rhétorique opposant « un héros à la solution miracle » contre un « ennemi commun diabolisé au maximum ». À la lecture des trois exemples proposés (Pr Montagnier / Didier Raoult / Bill Gates), on se doute qui sont censés être des héros fantasmés et le pauvre ennemi « diabolisé »… Si la logique de « fabrication de l’ennemi » est légitime pour comprendre les discours fallacieux, les exemples choisis non sans hasard ont de quoi donner à ces « fiches » un caractère ironique.
On résume. Rudy Reichstadt qui a déjà reçu 60 000 euros du Fonds Marianne pour le média qu’il a fondé, doublant au passage sa subvention annuelle du CIPDR, est particulièrement présent dans les contenus de 3 autres bénéficiaires : la Licra, AP2L et Spicee.Tandis que deux de ses plus proches collaborateurs, Tristan Mendès France et Thomas Huchon y illustrent pour chacun une contribution essentielle. Est-ce à dire que les acteurs de Conspiracy Watch auraient plusieurs fois bénéficié du Fonds Marianne, sous 4 relais différents ? Si on ne peut faire de conclusions hâtives en spéculant sur l’idée qu’ils en auraient tiré à chaque fois une rémunération, reste que cette « similarité » de contenus et d’experts interroge sur un rôle potentiellement influent dans le choix des projets sélectionnés.
Un projet déjà financé ?
Mais au fait, quel était ce fameux projet « RiPOST » pour lequel Conspiracy Watch a reçu cette subvention du fonds créé en l’honneur de Samuel Paty ? Et bien, il se trouve qu’il s’agissait d’un projet mené en collaboration avec l’organisme « UE Disinfo Lab » qui date de juillet 2020, soit plus d’un an avant le terrible assassinat du professeur d’histoire géographie et la création du fonds censé lui rendre hommage. Cette subvention n’a donc absolument pas servi à soutenir la création d’un nouveau projet qui justifierait son financement. Et surtout, il était déjà financé par le CIPDR (donc l’Etat), en outre d’un partenariat avec Google et Bing (qui ne manque pas d’argent), ainsi que… l’Institute For Strategic Dialogue. Un autre bénéficiaire du Fonds Marianne qui semblerait avoir un rôle particulièrement intriguant dans le choix des lauréats : c’est ce que nous verrons dans la dernière troisième et dernière partie de cette enquête à suivre…
Auteur : Amélie Ismaïli.
________________
(1) Voir à ce sujet, la debunking de Pierre Chaillot sur sa chaîne Décoder l’eco : https://www.youtube.com/watch?v=G0OjIB2NeSU&t=98s
(2) La rumeur de collusion entre Donald Trump et le Kremlin dans l’élection américaine de 2016. Rumeur qui s’est avéré infondée et fabriqué par un faux dossier (« le dossier Steel »), dont le rapporteur sera inculpé pour mensonges par la justice américaine.
(3) Dans le communiqué sur l’Appel à projets national 2021 « Fonds Marianne », y est stipulé dans les « 1. Critères d’éligibilité » que « Cet appel à projets a pour but de soutenir des actions en ligne, à portée nationale, destinées aux jeunes de 12 à 25 ans exposés aux idéologies séparatistes qui fracturent la cohésion nationale et abiment la citoyenneté. »
Xavier Desmaison, président du groupe Antidox sur le plateau du « 23h » de France Info du 17 décembre 2019.
Conspiracy Watch n’est pas le seul organisme a être particulièrement présent dans plusieurs projets subventionnés par le Fonds Marianne. Au moins deux associations sélectionnées, Civic Fab et France Fraternités, apparaissent en lien avec le groupe Antidox, un cabinet de conseil spécialisé « en stratégie de communication et d’opinion à forte dominante numérique ». De plus, parmi les comités exécutifs de ces deux organisations présentées pourtant comme « citoyennes et appartisanes », figurent des personnalités ayant ouvertement manifesté leurs soutiens à Emmanuel Macron. Des liens qui interrogent sur un potentiel objectif politique derrière les attributions de ce fonds.
_
Le Groupe Antidox
C’est le site internet du groupe Antidox qui nous apprend que c’est son think tank « Le Lab » qui serait à l’origine de l’association « Civic Fab », listée comme ayant reçu le troisième plus gros montant du Fonds Marianne, soit 315 400 euros. Ainsi le président et fondateur du cabinet de conseil, Xavier Desmaison, figure être également le président de « l’organisation citoyenne ». D’autre part, on retrouve deux membres de l’équipe d’Antidox parmi ceux qui composent l’Assemblée générale de Civic Fab : Vincent Bridenne – directeur artistique – et Solennel Colat, responsable administratif et comptable pour le cabinet. En tout état de cause, l’association est donc une filiale du groupe censée refléter les valeurs sociétales qui sont au coeur de son ADN, telles que le site internet d’Antidox nous les décrivent : « nous travaillons à développer un écosystème informationnel de qualité (modération des fake news, de la haine en ligne, des théories du complot) » ; une affirmation qui fait directement écho à la présentation du projet « Nuance » créé par Civic Fab, « une initiative en ligne qui vise à combattre les discours de manipulation (fake news, théories du complot) et extrémistes qui prolifèrent sur internet« .
Un autre bénéficiaire du Fonds Marianne présente des liens avec Antidox, ou du moins avec son président : Xavier Desmaison est en effet aussi le Coordinateur du Comité d’honneur de l’association France Fraternités, laquelle bénéficia de 60 000 euros du fonds initié par Marlène Schiappa. Ces deux engagements sont d’ailleurs mentionnés explicitement dans la biographie du dirigeant sur le site du cabinet. En outre, plusieurs personnalités apparaissent réciproquement dans les gouvernances des deux associations : ainsi le président de France Fraternité, Pierre Henry, siège à l’Assemblée Générale de Civic Fab ; tout comme Laure Modesti, qui figure au Comité d’honneur de FF ; et on retrouve dans ce même comité Karim Amellal, présenté comme « administrateur » de Civic Fab. Enfin, le média créé par ce dernier (« What the Fake ») fait apparaître France Fraternités comme un de ces partenaires. Tous ces éléments semblent démontrer que les deux organismes sont de toute évidence très proches.
Notons que France Fraternités montre également des liens avec une autre association bénéficiaire du fonds Marianne : Fraternités générales (dont la proximité du nom a de quoi intriguer). En effet toutes deux partagent comme point commun d’être membre d’un collectif inter-organisation appelé « le Labo de la Fraternité ». Cette seconde association mettant en avant la « fraternité » dans la liste révélée par Check-news aurait été subventionnée à hauteur de 292 200 euros, juste derrière Civic Fab. Néanmoins, en dehors d’éléments de langage quelques peu similaires (notamment pour présenter des think tanks comme des « laboratoires »), Fraternité Générales ne fait pas apparaître de lien avec Antidox ou son président Xavier Desmaison, d’après les informations que nous avons pu trouver. Nous la laisserons donc de côté – pour le moment du moins.
« Deep communication for Business Impact »
Derrière cette figure de « citoyen engagé », Xavier Desmaison est un expert communicant, spécialisée dans les stratégies d’influence en lien avec les technologies numériques dans le but de « maximiser les profits » des entreprises qu’il conseille (1). Il est également le co-auteur de deux livres : Le Bûcher des vérités (2019) et Stratégies d’entreprises dans un monde fragmenté, surmonter les risques liés à la pandémie et à la guerre en Ukraine (2022), des ouvrages qui s’intéressent aux rôles des décideurs publiques et des dirigeants d’entreprises dans une période qui favorise de plus en plus de méfiance à l’égard des institutions. Ces prises de positions illustrent comment le cabinet Antidox a fait de la « désinformation » son cheval de bataille. Reste à savoir de quelles « désinformations » il s’agit : le fait que deux associations présentées comme des « organisations citoyennes » puissent avoir un tel lien direct avec un cabinet expert dans les stratégies de « nudge » et de « social listening » pour influencer l’opinion publique au service de grandes entreprises privées jettent un trouble sur leur revendiqué rôle d’éducation à la citoyenneté. Exemple évocateur : Civic Fab, affichant de vouloir « mettre la technologie digitale au service de projets d’intérêt public et d’innovations sociales » accompagna un projet baptisé « Les Printemps de la prévention », un forum rassemblant une diversité d’acteurs locaux et de professionnels du secteur de la santé afin d’ « impulser le changement dans les pratiques et les comportements en donnant la visibilité aux projets innovants et inciter à l’usage des nouveaux outils numériques. » Le projet fut conduit par Antidox et NIHL –une autre agence de conseil en affaires publiques- qui ne cache pas sa collaboration avec l’industrie pharmaceutique. Un tel risque de compromission avec les intérêts de secteurs très lucratifs laisse de nouveau soupçonner que la « neutralité » ne soit pas tout à fait au rendez-vous.
Lutte contre la désinformation ou propagande macroniste ?
Ce type de partenariat public-privé n’est pas sans rappeler une orientation politique proche du « sociale-libéralisme » – ou néolibéralisme – qu’incarne le parti d’Emmanuel Macron. Et pour cause : les gouvernances de Civic Fab et France Fraternités se composent d’un des plus fervents adhérents président au pouvoir : Karim Amellal. Ce haut fonctionnaire français d’origine algérienne se présente en tête de liste LREM du 10ème arrondissement de Paris lors des élections municipales de 2020. En outre, il aurait créé, en janvier 2022, un collectif explicitement en soutien au président au pouvoir. Karim Amellal est réciproquement un collaborateur « choyé » par la macronie : nommé ambassadeur délégué interministériel à la Méditerranée, il est aussi désigné pour siéger à la présidence de la commission « Talents du service public » par Amélie de Montchalin en mars 2021. Et pour couronner ce portrait saisissant, il co-rédigea au côté de Laetitia Avia et Gil Taïeb la loi sur les contenus haineux sur internet, dite « Loi Avia », la même qui fut censurée par le Conseil constitutionnel pour ses risques de porter atteinte à la liberté d’expression. Qui de mieux pour former les jeunes citoyens aux « bonnes valeurs » de la République ?
Affiche des Elections municipale de 2020 dans le 10ème arrondissement de Paris, liste LREM.
Rien d’étonnant donc, à ce que ce biais politique transparaisse dans les contenus créés par les deux associations dans le cadre du Fonds Marianne. En apparence, elles semblent bien présenter des ressources pédagogiques destinés à combattre le radicalisme religieux et les discours de haine qui favorise le racisme ou l’antisémitisme – ce qui les éloigneraient de tout soupçon. Mais lorsque l’on observe dans le détail certains de ces contenus, se révèle un discours très favorable à l’égard d’Emmanuel Macron. Sur le site « What the Fake« , tel que se nommait encore le média fondé par Civic Fab durant la période encadrant l’appel à projet du Fonds Marianne, plusieurs pages publiées durant la campagne présidentielle de 2017 mettent particulièrement à l’honneur le candidat de La République en Marche. Une dizaine d’articles produits entre mars et mai de cette année lui sont consacrés afin d’en faire la principale victime de « fake-news » qu’auraient été diffusées par la « fachosphère », les partisans de Marine Le Pen ou… par la propagande du Kremlin.
Or ce scénario d’un « complot russe » pour influencer les présidentielles françaises avaient été essentiellement partagé par les équipes d’Emmanuel Macron. Scénario dont la probabilité demeure encore très floue, souffrant d’un manque de preuve formelle, et qui fait étrangement écho au Russiagate lors de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis – un dossier aujourd’hui particulièrement mis à mal par le récent rapport du procureur John Durham, qui y dénonce une instrumentalisation politique fondée sur des éléments douteux et un manque d’objectivité de la part du FBI. Tous ces éléments qui permettent de nuancer le discours macroniste ne se retrouvent nullement sur le site « What the Fake », bien au contraire. Les articles au sujet de cette « théorie » ne font que reprendre le discours d’Emmanuel Macron en mettant en cause les médias RT et Spoutnik, et évoque des « rumeurs » qui se révéleront pourtant corroborées par les Macronleaks, tout en parlant de Julian Assange comme une personne « adulé des complotistes« . Au reste, ce traitement particulièrement positif de celui qui n’était que candidat à la présidence française lors de la publication de ces articles laisse supposer une orientation partisane correspondant aux affiliations politiques des personnes à la tête de Civic Fab. D’autant qu’en comparaison, aucun article ne traite des autres candidats, sauf pour dénoncer des fausses informations que certains adversaires – François Fillon et Marine Lepen notamment – auraient partagé. Quant aux mensonges d’Emmanuel Macron, c’est tout simplement « circulez, il y a rien à voir ».
Les « mots piégés » de France Fraternités.
Ce biais politique se retrouve également dans les contenus produits par France Fraternités, cette fois-ci dans le projet spécifiquement conduit dans le cadre du Fonds Marianne. A l’écoute des podcasts « les mots piégés du débat républicain » présentée par son président Pierre Henry (un autre ancien encarté LREM), les thèmes de propagande chers à Emmanuel Macron dominent. Le « souverainisme » ? « un mouvement marginal » revendiqué par des « courants qui se situent plutôt à la droite extrême » tandis que la « souveraineté » devrait être « défendue et développée à un niveau européen » puisque « seul véritable cadre de protection contre la mondialisation, pour résister aux grands ensembles russes, chinois ou américains ». Le « populisme » ? « Un [dangereux] courant de pensée politique » qui considère que « la démocratie en général est structurellement corrompue par les politiciens et que la seule forme réelle de démocratie serait l’appel au peuple par le référendum […] Il remet en cause l’indépendance et la séparation des pouvoirs, de la justice, les droits fondamentaux comme le droit à l’avortement, le droit d’asile, la liberté de la presse. ». Cette « idéologie » peut être « de droite, de gauche » mais a pour « traits communs l’autoritarisme, la croyance en un peuple pur, le culte d’un leader soutenu par la volonté générale » et la « détestation des contrepouvoirs ». Dès lors, ce type de discours relèverait d’un fantasme fondé sur « un ressenti de discrimination, d’inégalités… et c’est comme pour le complotisme : ça marche, parce que ça part comme quelque chose qui est vécu comme une série d’injustices […] ». Voilà qui n’est pas sans rappeler une rhétorique très proche de celle de Rudy Reichstadt… à raison ? On ne sera pas surpris de retrouver dans les partenaires associés du groupe Antidox un certain Philippe Guibert, membre de la Fondation Jean Jaurès… qui dirige – encore une coïncidence – une mission du ministère de la Santé et de la Protection sociale sur « la désinformation en santé publique ». Les réseaux que constituent tous ces « think tank » néolibéraux seraient-ils au coeur d’une instrumentalisation politique à travers ce Fonds Marianne ? C’est ce que nous essaierons de comprendre dans la troisième partie de cette enquête.
_
(1) Propos recueillis dans une vidéo de la chaîne Xerfi Canal où Xavier Desmaison est interviewé en tant qu’expert en « communication et influence ».
PARTIE 1 : La promotion de Conspiracy Watch et de ses trois bénéficiaires par de l’argent public.
Capture de l’émission #18 de « Les Déconspirateurs », sur la chaîne Youtube de Conspiracy Watch.
Une subvention doublée
La Licra
Capture de la home-page sur le site internet de Sapio.
C’est bien plus que les « une ou deux vidéos » que Monsieur Reichstadt dit avoir fait pour ce projet dans l’article de Check-News, une ultra-minimisation que les « fact-checkeurs » n’ont pas (ou plutôt feint de ne pas) relever. En parcourant davantage le site, on retrouve également l’importante contribution de Tristan Mendès France : l’autre « expert » de l’anti-conspirationnisme co-gérant du projet « RiPOST » ressort dans non moins de 29 résultats de recherche, dont 8 vidéos d’interviews. Précisons cependant, en vertu d’une présentation honnête des faits, que plusieurs « experts » parmi ces « contenus-ressources » ne semblent pas avoir de lien avec la fondation de Rudy Reichstadt. Mais outre qu’ils sont davantage légitimes par leur statut de chercheur, le contenu du site nous montre une contribution bien moindre. Par exemple : plusieurs vidéos font l’interview de Boris Adjemian, un docteur en histoire qui dirige la Bibliothèque NUBAR, mais seulement sur le thème du génocide arménien. En comparaison, Tristan Mendès France, qui n’est docteur en rien, contribua à tous les thèmes listés par la plateforme sauf celui du sport. Et contrairement à Reichstadt, l’historien chercheur n’apparaît pas sur la page principale du site. Quoi qu’il en soit, le fait que « Sapio » participe à la promotion des acteurs de Conspiracy Watch est d’une évidence grossière. Tellement grossière que Check-News – bien qu’en ayant soigneusement omis son ampleur – interrogea la Licra sur ce soupçon d’un double financement, laquelle réfuta ne pas avoir « rémunéré l’expert ». En admettant que cette réponse soit honnête, une telle publicité auprès d’un public cible de professeurs et d’étudiants peut engendrer de bien des manières un potentiel bénéfice indirect, dès lors qu’il s’agit de pseudos « experts » qui vivent d’appels aux dons, de services privés ou de la vente de livres.
_
AP2L et la série « Conspirations ? »
Et en matière d’œuvre promotionnelle pour Rudy Reichstadt et ses alliés, on peut dire que la série « Conspirations », pour laquelle l’agence de production AP2L a reçu 20 000 euros du Fonds Marianne, représente un bel exemple. Sur ces dix vidéos diffusées par la chaîne LCP, la moitié est consacrée à sa parole unique, tandis que la moitié restante est réservée à celle d’un autre de ses plus proches collaborateurs connus, le journaliste Thomas Huchon.
Série « Conspirations ? » diffusée sur la chaîne LCP.
Il n’est d’ailleurs pas nouveau que les deux hommes s’associent autour de projets communs. Outre sa participation régulière à l’émission « les déconspirateurs », Thomas Huchon est notamment le réalisateur de « Infodemic: comment le covid19 est devenu la machine à conspis », un documentaire de 29 minutes principalement composé de l’entretien avec deux « experts » de l’anti-complotisme : Gérald Bronner, et surtout, Rudy Reichstadt. Or, il se trouve que l’entreprise à l’origine de sa production, la plateforme de streaming Spicee, figure aussi – quelle heureuse coïncidence ! – parmi la liste des bénéficiaires du Fonds Marianne, dont elle reçut la modeste somme de 70 000 euros.
Image extraite de « Infodemic : Comment le covid19 est devenu la machine à conspi », réalisé par Thomas Huchon et diffusé sur Spicee.
Spicee Educ
Toujours selon Check-News, cette subvention aurait servi à la création de « Spicee Educ », d’un modèle très similaire au projet « Sapio » avec des contenus à vocation « pédagogique » davantage centrés sur le thème du « complotisme » et de la désinformation. A la différence notable que les « ressources » présentées ici n’ont rien de productions originales : il s’agit, en majorité, de vidéos divisées en formats courts, dont une partie étaient produites bien avant 2021. Si certaines étaient disponibles en accès libre via d’autre médias (on y trouve, par exemple, la série « Oh My Fake » du quotidien 20minutes, « l’Escape News » présenté par Thomas Soto sur la chaîne France 4, ou encore la série « Mytho » pour laquelle une autre association bénéficiaire (Lumière sur Info) a reçu 50 000 euros) elles sont pour la plupart tirées de documentaires produits et diffusés par Spicee. Et là aussi, on peut dire que Rudy Reichstadt bénéficie d’une présence de choix. Parmi ces contenus, on retrouve le fameux Infodemic dans lequel le « complotologue » est co-exclusivement interviewé, découpé en 6 vidéos dans le parcours « Théorie du complot », 11 vidéos de « Covid19 : Fantasmes et mensonges » (formant l’essentiel du ce parcours), et 6 vidéos dans celui intitulé « Le cerveau : ami ou ennemi ? ».
Reichstadt semble être aussi le seul sujet filmé de la série « Le petit dico des conspis » (du moins, d’après l’extrait que nous avait pu retrouver sur Youtube) intégré dans le premier parcours (9 vidéos) et le troisième baptisé « Educations aux médias » (8 vidéos). Quant à Thomas Huchon, il est tout simplement partout. Outre cette distribution d’Infodemic, ses autres réalisations Conspi Hunter : comment nous avons piégé les complotistes, Conspi Hunter : spécial 11 septembre, Unfair Game, comment Trump a manipulé l’Amérique, la Nouvelle fabrique de l’opinion,L’homme qui murmurait à l’oreille de Trump et Scandale Cambridge Analytica, nouvelles révélations – bref, autant dire l’intégralité de sa filmographie se retrouve sous forme décomposée ou non (5). On y découvre même la capsule qu’il avait faite pour le média Konbini sur l’effet « Dunning-Kruger » par au moins deux fois. C’est dire si « Spicee Educ » ressemble tout simplement à une plateforme promotionnelle pour le journaliste « ami » et contributeur de Conspiracy Watch.
Notons au passage que, pour ce qui est de la pertinence de ces « ressources » en matière de lutte contre les fake-news, on repassera. Dans le cas de Infodemic, c’est près d’un quart du documentaire qui est consacré au sondage mené par la fondation Jean Jaurès (en partenariat avec Conspiracy Watch), censé montrer que l’idée que le virus Sars-Cov-2 a été fabriqué en laboratoire serait non seulement fausse mais surtout essentiellement partagée par des partisans de l’extrême-droite. Une sorte de minable déshonneur par association pour une hypothèse qui, comme on le sait, est désormais considérée comme la plus plausible par bon nombre de scientifiques et admise par l’OMS elle-même. Cette réfutation erronée, largement propagée par les « fact-checkeurs » avant de devoir faire volte-face dès 2021, se retrouve dans la séance 3 du programme « Covid, Fantasme et Mensonges » de Spicee Educ. Sous la partie intitulée « Les personnalités n’ont pas toujours raison ! », l’éducateur est invité à présenter aux élèves le cas suivant : « Le professeur Montagnier, prix Nobel de Médecine, affirme que le Covid19 a été fabriqué en laboratoire. Quelle peut-être la conséquence de cette affirmation sur le grand public ? Pourquoi ? ». L’idée est de montrer qu’il faut se méfier de la « crédibilité » que nous donnons à une personne de par son statut. Il y est également proposé un « atelier » pour montrer comment les « complotistes » utilisent une rhétorique opposant « un héros à la solution miracle » contre un « ennemi commun diabolisé au maximum ». À la lecture des trois exemples proposés (Pr Montagnier / Didier Raoult / Bill Gates), on se doute qui sont censés être des héros fantasmés et le pauvre ennemi « diabolisé »… Si la logique de « fabrication de l’ennemi » est légitime pour comprendre les discours fallacieux, les exemples choisis non sans hasard ont de quoi donner à ces « fiches » un caractère ironique.
_
On résume. Rudy Reichstadt qui a déjà reçu 60 000 euros du Fonds Marianne pour le média qu’il a fondé, doublant au passage sa subvention annuelle du CIPDR, est particulièrement présent dans les contenus de 3 autres bénéficiaires : la Licra, AP2L et Spicee.Tandis que deux de ses plus proches collaborateurs, Tristan Mendès France et Thomas Huchon y illustrent pour chacun une contribution essentielle. Est-ce à dire que les acteurs de Conspiracy Watch auraient plusieurs fois bénéficié du Fonds Marianne, sous 4 relais différents ? Si on ne peut faire de conclusions hâtives en spéculant sur l’idée qu’ils en auraient tiré à chaque fois une rémunération, reste que cette « similarité » de contenus et d’experts interroge sur un rôle potentiellement influent dans le choix des projets sélectionnés.
_
Un projet déjà financé ?
Mais au fait, quel était ce fameux projet « RiPOST » pour lequel Conspiracy Watch a reçu cette subvention du fonds créé en l’honneur de Samuel Paty ? Et bien, il se trouve qu’il s’agissait d’un projet mené en collaboration avec l’organisme « UE Disinfo Lab » qui date de juillet 2020, soit plus d’un an avant le terrible assassinat du professeur d’histoire géographie et la création du fonds censé lui rendre hommage. Cette subvention n’a donc absolument pas servi à soutenir la création d’un nouveau projet qui justifierait son financement. Et surtout, il était déjà financé par le CIPDR (donc l’Etat), en outre d’un partenariat avec Google et Bing (qui ne manque pas d’argent), ainsi que… l’Institute For Strategic Dialogue. Un autre bénéficiaire du Fonds Marianne qui semblerait avoir un rôle particulièrement intriguant dans le choix des lauréats : c’est ce que nous verrons dans la dernière troisième et dernière partie de cette enquête à suivre…
_
Auteur : Amélie Ismaïli.
________________
(1) Voir à ce sujet, la debunking de Pierre Chaillot sur sa chaîne Décoder l’eco : https://www.youtube.com/watch?v=G0OjIB2NeSU&t=98s
(2) La rumeur de collusion entre Donald Trump et le Kremlin dans l’élection américaine de 2016. Rumeur qui s’est avéré infondée et fabriqué par un faux dossier (« le dossier Steel »), dont le rapporteur sera inculpé pour mensonges par la justice américaine.
(3) Dans le communiqué sur l’Appel à projets national 2021 « Fonds Marianne », y est stipulé dans les « 1. Critères d’éligibilité » que « Cet appel à projets a pour but de soutenir des actions en ligne, à portée nationale, destinées aux jeunes de 12 à 25 ans exposés aux idéologies séparatistes qui fracturent la cohésion nationale et abiment la citoyenneté. »
« Dans une interview accordée à la Web TV d’extrême-droite TV Libertés, la généticienne Alexandra Henrion-Caude a déclaré ceci… »
C’est par cette phrase que commence une série de pas moins de 12 articles de fact-checking sortis le 13 avril 2020 sur le site de RTL info, rassemblés au sein d’un article global intitulé “4 spécialistes démontent les affirmations d’une généticienne française sur une Web TV d’extrême-droite”. Comme si la question de savoir sur quelle plateforme la généticienne s’exprimait pouvait s’avérer pertinente pour lui accorder ou non du crédit, alors qu’il s’agissait tout simplement d’un des rares médias à laisser la parole aux voix discordantes avec le récit officiel. Interview qui a par ailleurs rapidement été censurée par Youtube.
Démarrer chaque article par un sophisme par association donne en tout cas le ton, malgré la déclaration hypocrite qu’il “serait trop simpliste de disqualifier l’ensemble de ses propos pour le fait d’accepter de parler à un média d’extrême-droite”. D’autant plus que chaque mention de TV Libertés pointe vers une page à charge intitulée “TV Libertés, une web TV d’extrême-droite qui ne s’en cache pas” pleine de diffamations portant atteinte à l’honneur de la chaîne, qui n’a pas manqué de faire valoir son droit de réponse en récusant le terme “préjoratif et méprisant” d’extrême droite.
Deux ans après l’intervention d’Alexandra Henrion-Caude sur TVLibertés, et à l’heure où son livre se fait attaquer de toutes parts par les médias du système, il est intéressant de revenir sur les fact-checkings de l’époque pour vérifier s’ils ont pu résister à l’épreuve des faits.
1/12 « Le vaccin Pfizer risque d’empirer la maladie ? Faux »
Première embrouille, lorsqu’on clique sur le lien en question, le titre devient “Si on est déjà malade, le vaccin Pfizer risque d’empirer la maladie? Faux”.
Juste après le titre, l’argumentaire d’Eric Muraille, l’expert interrogé par le journal télévisé belge, commence par un paradoxal “Ce qui est vrai, c’est qu’en règle générale, il est déconseillé de vacciner durant l’infection”. Donc c’est faux mais vrai ?!
“Mais cette réaction à un vaccin est extrêmement rare”, continue l’expert, n’écartant donc pas, contrairement à ce qu’indique le titre mensonger de l’article, le risque dénoncé par la généticienne.
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Lorsqu’on vaccine, on a un risque d’empirer la maladie par la facilitation de l’infection par des anticorps (ADE), une réaction immunitaire se produisant lors d’une infection virale, quand des anticorps non neutralisants de l’hôte facilitent l’entrée du virus dans certaines cellules hôtes, et qui est susceptible de les amener à développer des symptômes plus graves en cas d’exposition au virus que si elles n’avaient pas été vaccinées.
« Ça ne serait pas la première fois, si ça devait arriver, qu’un vaccin semblant efficace, en termes de sécurité initiale, rend les gens plus malades. On l’a déjà vu avec le vaccin contre le virus syncytial chez les enfants qui, paradoxalement, a rendu les enfants plus malades. L’un des vaccins contre le sida, que nous avons testé il y a quelques années, a rendu les gens plus susceptibles d’être infectés. » – Dr Anthony Fauci, immunologue et directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses, le 19 mars 2020.
« La règle est très simple. Lorsqu’une personne est dans un processus infectieux aigu et inflammatoire, on ne la vaccine pas. » – David Camus, infectiologue, le 24 novembre 2022.
Et l’expert Benoit Muylkens d’affirmer que “les vaccins semblent très bons pour protéger de l’infection ou à tout le moins pour limiter les formes sévères de la maladie”, ce qui est faux comme les faits et des études récentes le prouvent.
Une étude publiée le 19 septembre 2022, dont les auteurs ont observé une “augmentation des cas de SRAS-CoV2, des hospitalisations et des décès parmi les populations au Royaume-Uni”, en a conclu “qu’il n’y a pas d’efficacité vaccinale optimale discernable chez les ≥ 18 ans et la population vaccinée à la troisième dose depuis le début de la poussée de la variante Omicron”.
Verdict : mensonge non sequitur.
2/12 « Les anticorps produits avec le vaccin Pfizer pourraient augmenter les chances de faire une forme grave de la maladie: faux »
Un “fact-checking » somme toute très similaire au précédent. Et, là encore, l’expert concède en fin de compte ce que disait Alexandra Henrion-Caude, à savoir que “quand on se fait vacciner, on produit un mélange d’anticorps et il y a en général des neutralisants et des facilitants dedans”, ajoutant même que “c’est le cas pour tous les vaccins”.
Puis de déclarer fausse l’assertion d’Alexandra Henrion-Caude avec cet argument :
« Par contre, dire qu’on ne sait pas si les 95% de personnes chez qui le vaccin est efficace auront une possibilité de faire une forme aggravée de la maladie à cause des anticorps facilitants, c’est faux. »
Alors que la généticienne déclarait ceci :
« 95% des personnes produisent des anticorps sans qu’on sache si ce sont des anticorps facilitants ou neutralisants. Donc sans savoir si vous allez augmenter vos chances d’avoir une forme aggravée de la maladie, donc une forme sévère. »
Ou comment déclarer une affirmation comme étant fausse après en avoir insidieusement déformé le sens.
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Une analyse rétrospective sur 2 ans des variants du SRAS-CoV-2 publiée le 15 juin 2022 a démontré que, dans certains cas, la vaccination anti-Covid favoriserait l’émergence de l’infection à cause de la production d’anticorps facilitants (ADE) et que la multiplication des rappels pourrait induire un syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA).
Anecdote intéressante, le site Infodujour avait publié un article mentionnant cette étude qui s’est fait censurer au motif qu’il contreviendrait aux règles édictées par Google qui interdisent “les contenus provenant de sites qui contredisent le consensus scientifique ou médical”. Pourtant, l’étude était parue dans une revue scientifique sérieuse et était cosignée par un directeur de recherche au CNRS, ce qui montre bien que le soi-disant “consensus scientifique” n’existe tout simplement pas. Des sites d’information se voient ainsi forcés de s’auto-censurer des articles qui contredisent le discours officiel, sous peine d’être automatiquement déréférencés par Google.
Verdict : manipulation par la déformation de l’argumentation de l’opposant pour en faire un argument plus facilement réfutable.
3/12 « L’ARN du vaccin Pfizer peut interagir de façon non-désirée avec notre organisme ? Faux »
“L’ARN du vaccin Pfizer est détruit en quelques jours : 5 à 7 jours maximum”, prétend ici Yves Van Laethem, qui n’est même pas d’accord avec son confrère Eric Muraille qui va plus loin en prétendant dans l’article qui suit que « la persistance des ARN in vivo est connue (+/- 48h)« .
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Dans un rapport d’évaluation de son vaccin publié le 11 mars 2021, Moderna indique à la page 47 que des concentrations d’ARNm sont détectés dans tous les tissus examinés entre 2 et 24 heures après l’injection, dont la rate, les yeux, le cœur, les poumons, les testicules et les tissus cérébraux, indiquant ainsi que les nanoparticules d’ARNm/lipides se déplacent à travers le corps et traversent la barrière hémato-encéphalique.
Une étude publiée le 28 juin 2022 prouve que “l’ARNm du vaccin peut être détecté dans le sang 15 jours après la vaccination”.
Une étude publiée le 29 janvier 2023 démontre que “les séquences vaccinales d’ARNm de la protéine Spike circulent dans le sang jusqu’à 28 jours après la vaccination”.
Verdict : incapacité à prendre du recul avant de déclarer une chose comme étant fausse.
4/12 « Pfizer n’a pas évalué les effets pharmacocinétiques, pharmacodynamiques et génotoxiques du vaccin : à moitié vrai »
“La pharmacodynamique du vaccin Pfizer a bien été étudiée”, contestait Benoit Muylkens, l’expert de RTL info. Vraiment ?
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Le protocole des essais cliniques de Pfizer, que le prétendu expert n’a probablement pas lu, indique pourtant noir sur blanc que les paramètres de pharmacodynamique, de même que ceux pharmacocinétiques et génotoxiques, n’ont pas été évalués.
Ce qu’affirmait Alexandra Henrion-Caude n’était donc pas “à moitié vrai”, mais intégralement vrai. À la connaissance de Eric Muraille, un autre “expert” interrogé par RTL info, “on ne teste pas la génotoxicité d’un vaccin”. Mais que vaut une telle déclaration lorsqu’il s’agit d’une toute nouvelle technologie pour un produit que l’on a abusivement qualifié de “vaccin” ? Par ailleurs, étudier la génotoxicité d’un médicament trompeusement appelé “vaccin” aurait permis de vérifier s’il y a un risque de dysfonctionnement ou d’altération du génome en endommageant l’ADN…
Selon l’expert Eric Muraille, “la persistance des ARN in vivo est connue (+/- 48h)”. Encore plus fort que son collègue qui parlait dans le précédent article d’une durée comprise “entre 5 et 7 jours”.
Ce qu’affirmait Alexandra Henrion-Caude n’était donc pas “à moitié vrai”, mais intégralement vrai.
Verdict : mensonge ou incompétence.
5/12 « 2,7% des vaccinés par Pfizer se retrouvent en incapacité de travail : vrai… mais faux »
Alors, c’est vrai ou c’est faux ? Le journaliste reconnaît que “oui, la vaccination peut conduire à une incapacité de travail, c’est connu, et c’est le cas de beaucoup de vaccins”, puis affirme n’avoir “pas retrouvé dans la publication qui rapporte de manière systématique les effets secondaires ce pourcentage de 2,7 %”.
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Ces chiffres existent pourtant bel et bien sur le site des CDC (voir ci-dessous). Selon un groupe de travail sur les vaccins, au 18 décembre 2020, 3.150 personnes étaient incapables de travailler ou d’effectuer des activités quotidiennes et ont eu besoin des soins d’un professionnel de la santé, un jour seulement après avoir reçu l’injection anti Covid-19.
Verdict : mensonge ou incompétence.
6/12 « L’efficacité du vaccin Pfizer n’a pas été évaluée chez les plus de 75 ans : faux »
Pour arriver à cette affirmation, l’expert interrogé par RTL info noie le poisson en précisant que “l’âge médian des personnes vaccinées est de 52 ans, et 42 % étaient des personnes âgées de plus de 55 ans. Parmi ces 8000 participants plus âgés, ils avaient entre 55 et 89 ans”. La manipulation statistique et l’interprétation malhonnête de propos sélectionnés qu’on veut discréditer, de grands classiques chez les “fact checkeurs” autoproclamés ! Mais si on fait le calcul, pour un effectif de 774 personnes de plus de 75 ans sur un total de 18800 personnes vaccinées, cela ne représente qu’un échantillon de 4%, alors que leur part dans la population française est de 10%. Ceci étant, l’expert finit tout de même par reconnaître que “c’est vrai que proportionnellement, peu de patients qui ont participé à cette phase 3 avaient plus de 75 ans”.
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Dans le rapport de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques sur la stratégie vaccinale contre la Covid-19, il est indiqué que “l’efficacité n’a pu être établie pour les plus de 75 ans du fait d’effectifs trop faibles”. Les survivants du rivotril dans les Ehpad ont donc servi de premiers cobayes pour les vaccins expérimentaux.
Même le Dr Martin Blachier avait reconnu cet état de fait :
« Ça c’est un autre bug en fait du dispositif. Pour l’instant on axe toute la stratégie sur vacciner des gens qui ont 90-95 ans, c’est des gens qui n’ont pas été inclus dans les essais thérapeutiques. Donc effectivement, c’était un vrai problème qu’on avait déjà identifié. »
Ainsi que le ministère de la Santé Olivier Véran, de manière implicite :
« J’espère, comme les 700.000 résidents en Ehpad, que nous pourrons lever davantage les contraintes sanitaires. On sera bientôt en mesure de dire si la vaccination en Ehpad permet d’éviter les formes graves et les hospitalisations. »
L’avocat Fabrice Di Vizio avait alors annoncé qu’il allait déposer plainte contre X pour “essai clinique dissimulé” :
« Ce qui est grave, c’est de dire que le vaccin est efficace sur les personnes âgées alors qu’il n’a jamais été testé sur ces personnes. La règle de droit en France vous dit qu’on ne met pas un produit sur le marché si son efficacité n’a pas été démontrée. Une partie de la population semble ne pas avoir été informée que le vaccin n’a pas été testé sur eux. »
Verdict : manipulation statistique et interprétation malhonnête des propos d’Alexandra Henrion-Caude en jouant sur les mots alors que le fond de sa pensée était correcte.
7/12 « Une personne vaccinée rejette 6 fois plus de particules virales dans sa respiration ? Faux »
L’expert Eric Muraille ose déplorer que, s’agissant d’une étude isolée, la généticienne userait d’une “technique de désinformation” en effectuant du “cherry picking”. Quel culot, alors que c’est précisément ce que les détracteurs des traitements précoces contre le Covid-19 tels que l’hydroxychloroquine et l’ivermectine n’ont cessé de faire afin de les discréditer !
Or ici, AlexandraHenrion-Caude restait prudente en déclarant que “c’est une seule étude, ça mérite d’être conforté par la suite”.
L’expert est même allé plus loin en vantant des “données belges particulièrement impressionnantes qui montrent une réduction très significative du nombre de personnes infectées et de la charge virale des personnes vaccinées”, ce qui sera par la suite démenti par les faits et de nouvelles études.
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Le 21 décembre 2021, l’Office national des statistiques du Royaume-Uni (ONS) a publié une enquête qui confirme que “ceux qui ont reçu trois doses d’un vaccin et dont le test Covid-19 est positif sont plus susceptibles d’être infectés par des infections compatibles avec la variante Omicron que ceux qui ne sont pas vaccinés”. Les données officielles montrent que les personnes de 40 à 49 ans triplement vaccinées sont 10,3 fois plus susceptibles d’attraper Omicron que les personnes non vaccinées.
Selon une étude de cohorte suédoise publiée le 25 octobre 2021 dans la revue The Lancet, après huit mois, le vaccin n’a plus la moindre efficacité contre les infections, après quoi cette efficacité devient même négative.
Une étude intitulée “Durée de l’excrétion du virus cultivable dans l’infection par SARS-CoV-2 Omicron” et publiée le 21 juillet 2022 dans le New England Journal of Medicine n’a “pas trouvé de grandes différences dans la durée médiane de l’excrétion virale entre les participants non vaccinés, ceux qui ont été vaccinés mais non vaccinés et ceux qui ont été vaccinés et boosté”. Cependant, les données de l’étude suggèrent que le rappel Covid prolonge considérablement la durée de l’infection, avec 31% des personnes vaccinées sont toujours contagieuses 10 jours après l’infection, contre seulement 6% des personnes non vaccinées. On remarquera que nombre d’études ont un texte qui dit quelque chose de différent des données, sans quoi elles ne pourraient sans doute pas être publiées…
Verdict : mauvaise foi et incapacité à prendre du recul avant de déclarer une chose comme étant fausse.
8/12 « La vaccination risque de provoquer l’émergence de nouveaux variants : vrai… mais moins que sans vaccination »
Le 31 mars 2021, RTL info avait également publié un article de fact-checking intitulé “Coronavirus : non, les vaccins ne sont pas à l’origine de nouveaux variants” en faisant valoir que les variants anglais, brésilien et sud-africain sont apparus avant le début de la campagne de vaccination.
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
En réalité, les premiers essais cliniques ont commencé dès juin 2020, donc bien avant l’apparition des premiers variants. Et, hasard ou coïncidence, ces essais se sont précisément déroulés dans les pays où sont apparus les premiers variants.
Une recherche publiée le 30 juillet 2021 dans la revue Scientific Reports montre que les personnes vaccinées pourraient jouer un rôle clé dans l’évolution de variants plus dangereux et résistants aux vaccins, du fait d’une “pression de sélection positive sur l’émergence et l’établissement de souches résistantes”.
« Les variants se développent sous la pression des vaccinés, qui sont majoritaires. Le vaccin est une barrière contre le virus, qui génère des variants de manière aléatoire. S’il existe un variant capable d’infecter les vaccinés, il se trouve avantagé, c’est l’abc de la génétique. Les non-vaccinés ne sont pas un obstacle pour le virus, le véritable obstacle est le vacciné, donc la pression sélective exercée sur le virus est celle du vaccin. » – Pr Andrea Crisanti, directeur du département de médecine moléculaire de l’Université de Padoue, le 3 juillet 2022.
Le 1er janvier 2023, un article du Wall Street Journal indique que “de plus en plus de preuves suggèrent que des vaccinations répétées peuvent rendre des gens plus sensibles au variant omicron et pourraient alimenter l’évolution rapide du virus”.
Verdict : mauvaise foi ou ignorance.
9/12 « L’ARN du vaccin Pfizer peut devenir de l’ADN qui peut s’intégrer dans notre génome ? Faux »
« Alors oui, ces virus appelés rétrovirus, comme celui responsable de la maladie du SIDA, existent et sont présents dans notre corps sans qu’on le sache, puisqu’ils ne déclenchent pas de maladies. »
Commencer l’article en disant que les rétrovirus existent et ne déclenchent pas de maladies, tout en prenant l’exemple du SIDA, voilà qui est fort de café !
Ensuite, lorsqu’on parle d’événement “improbable” (pas impossible, donc), quand on injecte plusieurs doses à des milliards d’individus, ce qui était peu probable à l’échelle individuelle devient mathématiquement une quasi certitude. Prenons une analogie simple que tout le monde peut comprendre : les chances de gagner le gros lot à l’Euromillions sont infinitésimales (1 sur 140 millions pour une grille jouée) ; cependant, il finit toujours par être remporté.
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Une étude publiée le 11 juin 2021 dans la revue ScienceDaily fait état d’une découverte qui “identifie une transcriptase inverse humaine hautement efficace capable d’écrire des séquences d’ARN dans l’ADN”. Selon le groupe de chercheurs de l’université Thomas Jefferson, cette découverte “remet en question le dogme de longue date de la biologie”.
L’intégration de l’ARN dans l’ADN peut également se transmettre si elle a lieu dans les cellules germinales. Des dossiers du ministère de la Santé et des Services sociaux (HHS) concernant les données que Moderna a soumises à la FDA sur son vaccin ARNm Covid-19 montrent qu’un nombre “statistiquement significatifs” de rats de laboratoire sont nés avec des déformations du squelette après l’injection du vaccin à leurs mères. Il a fallu attendre septembre 2021 pour avoir accès à ces dossiers confidentiels, grâce à une action en justice en vertu de la loi sur la liberté d’information initiée par Judicial Watch, une organisation américaine dédiée à la surveillance des activités du gouvernement américain.
Une étude suédoise publiée le 25 février 2022 dans la revue MDPI démontre que l’ARN messager du vaccin Pfizer peut être transcrit de manière intracellulaire en ADN dès seulement 6 heures après l’injection.
Les résultats d’une étude publiée le 27 septembre 2022 suggèrent qu’environ 1% de l’ARNm de la protéine Spike du SARS-CoV-2 est transloqué dans le noyau des cellules.
Verdict : ignorance.
10/12 « La demande de ne pas tomber enceinte pendant les essais du vaccin Pfizer cacherait un risque pour les bébés : faux »
Pour Eric Muraille, cette déclaration d’Alexandra Henrion-Caude serait du “délire eugéniste”. Non, Alexandra Henrion-Caude est une scientifique qui a encore toute sa tête.
Ceux qui sont en plein délire, ce seraient plutôt les scientifiques de Moderna qui comparent leur technologie d’ARNm à un “système d’exploitation” qui va permettre de reprogrammer nos cellules.
« Nous piratons en fait le logiciel de la vie. Dans chaque cellule, il y a cette chose appelée ARN messager, qui transmet les informations critiques de l’ADN de nos gènes à la protéine, qui est vraiment la matière dont nous sommes tous constitués. Ce sont les informations critiques qui déterminent ce que fera la cellule. Nous pensons donc à cela comme un système d’exploitation. Donc, si vous pouviez changer cela, si vous pouviez présenter une ligne de code, ou changer une ligne de code, il s’avère que cela a de profondes implications pour tout, de la grippe au cancer. » – Dr Tal Zaks, médecin-chef de Moderna, à la convention TED de 2017.
« Comme avec l’iPhone, un produit aux multiples applications avec des mises à jour annuelles. Chaque année, on s’adaptera aux souches de l’année. Chaque année, on veut ajouter plus de virus comme on ajoute une application à un iPhone. » – Stéphane Bancel, directeur général de Moderna Therapeutics.
Ce qui est du délire eugéniste, c’est cette nouvelle recommandation de l’OMS du 12 juillet 2021 “visant à faire de la modification du génome humain un outil de santé publique”.
Ou bien cette déclaration de Jacques Attali, gourou mondialiste et nouveau démiurge autoproclamé :
« Faut-il changer le code génétique ? Peut-être aussi pour faire en sorte que nous allions mieux, en étant un être humain un peu plus responsable, un peu plus compassionnel, un peu plus empathique. [..] Nous sommes très capables de créer des vaccins qui vont protéger ce code, l’améliorer, le défendre contre les virus, et c’est très bien ainsi. Et puis au bout de la route, c’est quoi ? C’est de fabriquer d’une façon artificielle à partir de ce code et de tout le reste qui forme la vie des être artificiels. »
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Le protocole des essais cliniques de Pfizer insiste effectivement sur le fait qu’il est très important d’être sous contraceptif ou de s’abstenir de toute relation sexuelle, et ce, pendant toute la durée de l’essai.
Le protocole de Pfizer exige par ailleurs un test de grossesse négatif immédiatement avant l’administration du vaccin.
En clair, bien qu’il n’y ait prétendument pas de suspicion sur un plan théorique de risques de complications liés au vaccin pendant la grossesse, dans la pratique Pfizer a exclu les femmes enceintes de l’étude et conseillé à ses patients d’éviter de procréer. De plus, sur les 146 pages, les mots “contraceptive”, “contraception” et “vasectomized” apparaissent pas moins de 41 fois.
Verdict : ignorance.
11/12 « Des traitements pour guérir du Covid comme l’hydroxychloroquine existent ? Faux »
Pour Van Laethem, “c’est tellement loin de la réalité et tellement faux et ne nécessite même pas de réponse”. Autrement dit, aucun argument !
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Le 22 mai 2020, les résultats d’une vaste étude sur la chloroquine et l’hydroxychloroquine sont publiés dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet. Les auteurs déclarent que ces molécules ne sont associées à aucun bénéfice clinique et que “chacun de ces schémas thérapeutiques est associé à une diminution de la survie à l’hôpital et à une fréquence accrue d’arythmies ventriculaires lorsqu’il était utilisé pour le traitement du Covid-19”. L’étude du Lancet a par la suite été jugée frauduleuse par la communauté scientifique et l’article a été rétracté le 4 juin à la demande de ses auteurs.
Surgisphere, l’entreprise surgie de nulle part qui a alimenté les données de l’étude du Lancet, est une obscure petite société américaine autour duquel plane un grand mystère. Comment une entreprise inconnue a-t-elle pu tout à coup réussir à recouper les données de plus de 600 hôpitaux et est parvenue à accéder à un des plus prestigieux journaux médicaux, et à travers lui, à infléchir la politique sanitaire de plusieurs pays ? Mme XXX, de The Scientist, une des très rares journalistes à avoir mené une enquête auprès des hôpitaux américains, n’en a trouvé aucun ayant fourni des données utilisées dans l’étude du Lancet, mettant en doute l’existence même de ces données. Suite au LancetGate, le site Internet de la société Surgisphere a disparu, brouillant davantage les pistes.
Par ailleurs, les 4 auteurs de l’étude frauduleuse avaient tous tenté de dissimuler des liens d’intérêt compromettants, notamment avec le laboratoire Gilead qui produit le très coûteux, inefficace et dangereux remdésivir concurrencé par l’hydroxychloroquine.
Une étude parue le 27 août 2020 dans la revue Clinical Microbiology and Infection, prétend que l’association d’hydroxychloroquine et d’azithromycine “a augmenté de manière significative la mortalité”. Elle est évidemment largement reprise par les médias de grands chemins, qui considèrent ses conclusions “sans appel”. Mais l’étude, réalisée par des personnes qui sont depuis le début ouvertement ennemies de Didier Raoult, de Christian Perronne et de leur traitement à l’hydroxychloroquine (+ azithromycine et zinc), était en réalité une méta-analyse d’études dont les auteurs reconnaissent eux-mêmes qu’une partie d’entre elles présentent un “risque critique de biais”.
Une étude de l’IHU Méditerranée Infection publiée le 4 juin 2021 rapportant le suivi de 2111 patients hospitalisés en 2020 montre que le traitement précoce par hydroxychloroquine et azithromycine entraîne une réduction de 30% de la mortalité.
Grâce à l’application du protocole Raoult, l’IHU Méditerranée Infection peut se prévaloir d’avoir eu un taux de mortalité sur toutes les tranches d’âge très en-deçà de la moyenne nationale durant la première vague de Covid-19.
Une méta-analyse dont les graphiques et les chiffres sont générés dynamiquement a compilé près de 300 études mondiales sur l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19, dont 97% des études de traitement précoce rapportent un effet positif.
Une étude de l’IHU Méditerranée Infection publiée le 24 septembre 2021 rapportant le suivi ambulatoire de 10429 patients confirme que le traitement précoce par hydroxychloroquine et azithromycine entraîne une réduction significative de la mortalité.
Verdict : Il y a eu des malversations tous azimuts de la part d’une frange de la communauté scientifique en proie à des conflits d’intérêt et des médias complices afin de décrédibiliser l’hydroxychloroquine.
12/12 « La pharmacovigilance en France ne surveillerait pas les effets secondaires déjà listés par Pfizer ? La Belgique et l’Europe le font… »
On mélange les choux et les carottes en parlant de la pharmacovigilance belge et européenne alors que Henrion-Caude parlait de celle de la France.
Et finalement de reconnaître que “surveiller l’apparition d’effets secondaires déjà connus et listés par Pfizer n’est pas l’intérêt premier de cette pharmacovigilance”. Ce ne serait pas non plus l’intérêt de Pfizer…
Pourquoi ce que disait Alexandra Henrion-Caude était vrai :
Le centre régional de pharmacovigilance de Tours, débordé par l’afflux de signalements sur les effets secondaires des vaccins anti Covid, a par ailleurs rappelé que “les médecins n’ont pas à signaler les effets déjà connus”. Le personnel de santé a cependant été surpris par les signalements de thromboses, qui n’étaient pas présents dans les rapports d’essais cliniques.
Mais le vrai problème n’est même pas là. La notification des effets indésirables des vaccins est une méthode passive qui repose sur des événements ayant volontairement été déclarés par les professionnels de santé ou par les personnes vaccinées. Évidemment, les personnes décédées ne risquent pas de le signaler et les familles endeuillées n’y penseront sans doute pas. Quant au médecin qui aura tué son patient… Les auteurs de l’enquête internationale Implant Files ont estimé que “seuls 1 à 10% des effets indésirables liés aux dispositifs médicaux sont recensés”. Et selon un document issu d’un projet de l’Agence américaine pour la Recherche et la Qualité en Santé, “moins de 1% des événements indésirables liés aux vaccins sont signalés”. Ce faible taux empêche ou ralentit ainsi l’identification des vaccins “à problèmes” qui mettent en danger la santé publique.
« Il y a un problème de sous-déclaration pour les dispositifs médicaux comme pour les médicaments. Il est difficile d’évaluer le degré de sous-évaluation, mais il y a bien une sous-déclaration. Les informations dont dispose l’agence sont des signalements qui sont effectués soit par les professionnels de santé soit par les industriels. » – Dominique Martin, directeur de l’ANSM, le 27 novembre 2018.
Verdict : mensonge non sequitur.
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur whatsapp
Partager sur email FAUSSE INFO sur les vaccins
La Commission d’accès aux documents administratifs a révélé une bombe, mais heureusement les grands sachant de l’AFP sont toujours là où on les attend, au bout de la laisse de la macronie !
Le 9 août, Pierre Chaillot et Laurent Toubiana formulent une demande à la Commission d’accès aux documents administratifs visant à obtenir les statistiques d’hospitalisation et de décès toute cause confondue en fonction du statut vaccinal. L’objectif de cette demande est simple : la pandémie telle qu’on nous la décrit est ultra meurtrière et l’existence d’un saint vaccin permet de s’en protéger et surtout il n’y a pas d’inconnu possible dans l’équation. D’après cette logique illogique les dangereux récalcitrants non-vaccinés vont avoir un taux de mortalité toute cause confondue éminemment plus élevé que les vaccinés. Cette donnée permet donc de s’assurer de la véracité de ce narratif et de calculer la balance bénéfice/risque. L’importance de cette donnée est due au fait qu’elle annihile toute possibilité d’existence de biais de comptage d’un groupe ou d’un autre. En effet, nul doute que certains décès ont pu être faussement attribués au covid chez des patients atteints d’autres maladies ou qu’au contraire certains ne lui ont pas été attribués à tort, à cause de l’existence d’un biais de confirmation – causé par exemple par la campagne gouvernementale mensongère « tous vaccinés tous protégés », reprise en cœur par le journalisme mainstream moderne. Le ministère de la Santé refusant de fournir ces chiffres, il a fallu persévérer pour obtenir une réponse, car même le sénat a censuré une pétition demandant ces données, sans raison valable.
Pierre Chaillot et Laurent Toubiana ont donc formulé une demande à la Commission d’Accès aux Documents Administratifs. Pour bien comprendre, la CADA est une autorité administrative consultative qui garantit l’effectivité du droit d’accès aux documents administratifs communicables et veille au respect des conditions de mise en œuvre du droit de réutilisation des informations publiques. La CADA a donc pour mission de fournir des avis aux particuliers qui se heurtent au refus d’une administration de communiquer un ou plusieurs documents qu’elle détient, elle n’est qu’un relais. Après 2 longs mois (le délai prévu par les textes de loi étant de 1 mois¹, mais vous savez en macronie ce n’est pas important) la CADA répondit tout simplement que ces données n’existaient pas. A titre informatif, l’Angleterre à travers l’Office for National Statistics est, quant-à-elle, capable de les fournir.²
Deux hypothèses peuvent être tirées de ce refus :
– La première est que le ministère de la Santé n’a tout simplement pas ces données et donc, tout le narratif disant qu’il y a plus de non-vaccinés à l’hôpital étiqueté Covid s’écroule totalement, à cause de l’existence de multiples biais. Par exemple, un biais de comptage peut être observé à cause du Pass-Vaccinal qui fait que les non-vaccinés vont se tester beaucoup plus que les vaccinés. Ainsi, lorsque le Pass-Vaccinal était exigé pour une hospitalisation, un patient hospitalisé pour un cancer en phase terminale devait se tester s’il était non-vacciné. Si le test était positif (bien que la plupart des cas covid soient asymptomatiques) et que le patient décédait alors il était officiellement considéré comme mort du covid, là où un patient vacciné serait mort du cancer. L’existence de biais absolument immenses rendent la statistique sur les simples hospitalisations et décès Covid-19 non-significative.
En voici un autre qu’on appelle biais de survie : si les patients jugés fragiles se vaccinent et meurent à la suite d’une myocardite due au vaccin, il y a beaucoup moins de morts du covid chez les patients fragiles vaccinés que non-vaccinés, car ils sont morts d’autre chose. L’ensemble du narratif culpabilisant s’écroule donc, faute de données de mortalité toutes causes confondues. De plus, c’est un manque de respect total envers les Français qui payent leurs impôts et ont le droit à l’information.
– La deuxième option est que le ministère de la Santé détient ces données et pour des raisons qui lui appartiennent, refuse de les publier. Ce comportement va complètement à l’encontre de la science et est de surcroît tout à fait antidémocratique.
Évidemment, la révélation de ce scandale a fait polémique et de nombreuses personnes se sont insurgées sur les réseaux sociaux, moi y compris. J’avais écrit le tweet suivant : « Le narratif covidiste s’écroule jour après jour : La CADA écrit « Il n’existe aucune statistique relative au statut vaccinal de toutes les personnes décédées, ni aucune statistique relative aux hospitalisations selon le statut vaccinal »! Tout n’était que PROPAGANDE ».
Face à cette énième controverse, les fact-checkeurs peu scrupuleux se sont empressés de se saisir de cette affaire pour voler au secours de l’exécutif. Et l’Agence France Presse a décidé d’épingler mon tweet dans un pseudo-article de fact-ckecing³.
La plus grande agence de presse française a alors décrété que mon tweet était trompeur. Elle le reprend en évitant totalement la question, et à la place en nous expliquant comment faire pour accéder aux chiffres sur le Covid – comme si nous étions des assistés. En faisant ça la pseudo-journaliste se garde bien d’émettre une critique, ni même une tentative de compréhension de la démarche, qui a pourtant été expliquée maintes fois par Laurent Toubiana et Pierre Chaillot. En effet celle-ci n’est pas trompeuse elle est parfaitement claire. En opérant cette piètre manipulation qui n’a pas trompé grand monde, l’AFP ne respecte pas l’article 9 de la charte de Munich « Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs. »
En effet, la dénonciation de mon tweet a pour seul objectif de discréditer un discours en évitant absolument de l’écouter et de le comprendre, à travers une ingérence malhonnête de l’information, destinée à amener le lecteur vers certaines opinions. C’est tout simplement de la propagande. Alors à mon tour je déclare que l’article de l’Agence France Presse est trompeur. Ne baissons pas les yeux face à la malhonnêteté crasse des fact-checkeurs, et recheckons-les.
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Comme d’habitude n’oubliez jamais les indicateurs les plus évidents quand un « debunkeur » sorti de nulle part tente de se constituer une audience :
Loi de Tennyson: la demie-vérité est le pire des mensonges. Le mensonge par omission est un mensonge aggravé.
Loi de Brandolini: l’énergie necessaire à réfuter la foutaise est très supérieure à celle qu’il faut pour la produire. Il faut 6 minutes à Bouvier pour dérouler son pseudo-debunk, il vous faudra au moins vingt minutes pour lire sa réfutation
Rasoir d’Hanlon: n’attribuons jamais à la malfaisance ce qui peut être attribué à l’incompétence, même si en l’occurence, des signes de biais et de malfaisance évident apparaissent dans le « travail » de Bouvier.
Cette réfutation n’est pas exhaustive, nous ne nous concentrons que sur les contresens, mensonges et contrevérités les plus directs.
Sur le fond
Mensonge Numéro 1
« d’abord pas mignonne alors c’est vrai qu’aujourd’hui le mécanisme a une sale tronche mais à l’époque il ressemblait à ça et je trouve ça plutôt mignon »
Type de mensonge: par omission et sophisme de l’homme de paille
Réfutation: D’une part Bouvier laisse entendre qu’Aberkane n’avait pas compris que l’image présentée était une concrétion archéologique. C’est bien sûr faux.
D’autre part Bouvier n’a pas compris (ou ment, mais le rasoir d’Hanlon nous invite à attribuer son erreur à l’incompétence plutôt qu’à la malveillance) le concept de « cuteness » (« mignonitude ») développé par Aberkane: non la machine reconstituée n’est toujours pas mignonne dans les critères définis par Aberkane dans sa conférence: ses affordances (son invitation à l’utilisation) ne sont pas évidentes, elle n’est tout simplement pas facile d’accès, son design ne crie pas « adopte-moi ».
Mensonge Numéro 2
« Deuxièmement il y a des débats pour dater la création de ce mécanisme mais si on prend la fourchette la plus large il aurait été fabriqué entre 205 et 105 avant J-C »
Type de Mensonge: direct, et par omission
Réfutation: La fourchette citée par Bouvier est fausse, et c’est sur ce mensonge qu’il va prétendre qu’Aberkane se trompe dans sa conférence. D’une façon importante, cela signifie qu’il s’agit bien d’un mensonge, et pas d’une erreur de bonne foi. Les objets purement métalliques (comme la machine d’Anticythère) ne peuvent pas être datés au Carbone 14 dont la précision est une des meilleures possible pour la datation radioactive, et la fourchette la plus large pour la machine d’Anticythère n’est PAS entre 205 et 105 avant J-C mais de 205 à 60 av J-C, qui est la date du naufrage dont la machine faisait partie, tel que le confirme d’ailleurs le premier auteur de l’étude qu’il cite¹.
En fait la datation initiale du méchanisme d’anticythère était de 87 avant Jesus Christ², Jules César étant né en 100 avant JC, Aberkane a raison de dire « quand Jules César avait 14 ans ». Bien sûr, d’autres spéculations donnent des dates antérieures, et argumentent en ce sens, mais Aberkane choisit justement de donner la date la moins sensationnelle possible dans sa conférence. De ce choix justifié, Bouvier fait un mensonge à partir de rien, et cela, c’est plus que malhonnête.
¹. Carman. The Final Date of The Antikythera mechanism. Journal for the History of Astronomy, 20 Aug 2017
². Price, Derek de Solla (1974). « Gears from the Greeks. The Antikythera Mechanism: A Calendar Computer from ca. 80 BC » Transactions of the American Philosophical Society, New Series. 64 (7): 19.
Mensonge Numéro 3
« et alors surtout le dernier point, un ordinateur, mh? c’est une machine qu’on ne pouvait pas programmer » et Bouvier de citer Bernard Cohen pour qui « ordinateur » se limite en effet à un système électronique programmable avec mémoire support.
Type de mensonge: par omission
Réfutation: Là aussi Bouvier triche délibérément en présentant à son audience une seule interprétation du terme « ordinateur analogique » qui n’est d’ailleurs en aucun cas ni indiscutable ni même seulement consensuelle. Il oublie aussi de dire à son audience que OUI la machine d’anticythère est « largement considérée comme un des premiers cas d’ordinateurs anologiques » et ce dans plusieurs publications . Bouvier ment donc directement à son audience pour tenter de brosser son portrait faux d’Aberkane.
Sur le plan de la programmabilité comme critère, nous pourrions dire aussi que Bouvier a délibérément sélectionné sa source (Cohen) pour induire son audience en erreur, mais nous préférons invoquer le rasoir d’Hanlon, Bouvier n’ayant pas de compétence informatique particulière.
³. Efstathiou, Kyriakos; Efstathiou, Marianna (1 September 2018). « Celestial Gearbox: Oldest Known Computer is a Mechanism Designed to Calculate the Location of the Sun, Moon, and Planets ». Mechanical Engineering. 140 (9): 31–35. doi:10.1115/1.2018-SEP1. ISSN 0025-6501.
⁴. Ken Steiglitz (2019). The Discrete Charm of the Machine: Why the World Became Digital. Princeton University Press. p. 108. ISBN 978-0-691-18417-3. “The Antkythera Mechanism [The first computer worthy of the name…]”
⁵.Paphitis, Nicholas (30 November 2006). « Experts: Fragments an Ancient Computer ». Washington Post. Archived from the original on 8 June 2017. “Imagine tossing a top-notch laptop into the sea, leaving scientists from a foreign culture to scratch their heads over its corroded remains centuries later. A Roman shipmaster inadvertently did something just like it 2,000 years ago off southern Greece, experts said late Thursday.”
Mensonge Numéro 4
» c’est incomparable » : commentaire subjectif de Bouvier à l’affirmation « algorithmiquement quelque part entre la pascaline et la machine enigma »
Type de mensonge: incompétence (rasoir d’Hanlon)
Réfutation : nous préférons attribuer cette erreur de Bouvier à l’incompétence plutôt qu’à la malveillance. Bouvier confond le « facteur de branchement » avec la « complexité algorithmique » qu’il confond aussi avec la programmabilité, qui est un aspect totalement différent. Il est très facile de produire une machine au facteur de branchement très élevé (la machine enigma) et ce dernier n’est en aucun cas une mesure de sa complexité algorithmique. Si Aberkane fait une erreur ou une imprécision, c’est plutôt qu’il met la Pascaline au même niveau que le calcul d’une éclipse, ce qui est discutable, bien que sur le plan arithmétique, oui, la machine d’anticythère effectue aussi des multiplications et des divisions, à la différence près qu’elles sont pré-programmées (comme une horloge). Aberkane a raison de comparer l’effort technologique pour concevoir la Pascaline à celui de la conception de la machine d’anticythère; même si cette comparaison est discutable, les arguments de Bouvier sont simplement faux: le facteur de branchement d’une machine n’est pas une mesure de sa complexité.
Mensonge Numéro 5
« pas du tout cette machine était un gadget qui servait juste à reproduire des calculs qu’on savait très bien faire sans et qu’on a continué à faire après »
Type de mensonge : mensonge direct, mais rasoir d’Hanlon également
Réfutation : puisque Bouvier cite un passage fortement (trop) vulgarisé pour étayer son « argument » nous pouvons lui laisser le doute de l’incompétence. Le texte sur lequel il s’appuie déclare « Son utilité n’était pas pragmatique. Les savants de l’époque n’avaient pas besoin d’un tel calculateur, un crayon et une feuille de papier suffisaient »
Or ce passage destiné au grand public n’est pas du tout rigoureux au sens historique, que Bouvier prétend maîtriser. D’abord Bouvier ne s’insurge pas de ce qu’on parle de « papier et de craon » au 1er siècle avant J-C (bien avant l’invention du papier, bien avant l’invention du crayon) et cette indignation à géométrie variable ne peut que nous alerter sur sa bonne foi.
Ensuite en aucun cas la capacité à mécaniser un calcul explicite ne fait de l’objet en question un « gadget », c’est une opinion certes, mais sans rigueur historique. Dire que la machine d’anticythère est un « gadget » est un non-send historique absolu car ce terme désigne spécifiquement un objet reproduit en grand nombre voire « commoditisé » et jamais quelque chose d’unique, de rare et de précieux.
On peut suspecter Bouvier de verser dans le sensationnalisme, de chercher désespérément à donner une épaisseur inexistante à sa pseudo-réfutation, mais nous préférons lui laisser le doute de l’incompétence, sans doute ne savait-il pas
que le papier et le crayon n’existaient pas au 1er siècle avant JC
qu’un gadget est un objet sans valeur produit en de multiples exemplaires
que la mécanisation d’un calcul manuel représente bien un effort technologique particulier.
Mensonge Numéro 6
« même l’Eglise Chrétienne n’y voyait pas de Magie »
Type de Mensonge: non sequitur, et mensonge direct
Réfutation : que vient faire l’Eglise Chrétienne là-dedans? Bouvier reproche à Aberkane de n’avoir pas été sensationnel dans sa datation en la « limitant » à « quand Jules César avait 14 ans » (87 av JC) et maintenant il invoque l’Eglise Chrétienne au Moyen Age pour dire qu’elle, au moins neuf siècles plus tard et après l’introduction massive de l’astrolabe, n’y voyait pas de magie? Ce gloubi-boulga argumentatif indigne d’un fact-checkeur ne peut de près ou de loin constituer un « debunk » d’Aberkane comme le prétend Bouvier.
Mensonge Numéro 7
« c’est juste la banale histoire d’une technologie qui a été perdue »
Type de mensonge: mensonge direct
Réfutation: non le Mécanisme d’anticythère n’a rien de banal. Cette technologie n’était pas usuelle et nous n’avons aucun exemple de sa reproduction, même à petite échelle, contrairement aux autres cas cités par Bouvier. Après avoir accusé à demi-mot Aberkane d’avoir osé donner la datation la plus conservatrice (donc la plus banale justement) du mécanisme, le voilà qui déclare que cet artefact et la perte de son savoir-faire sont une question « banale ». Ceci est faux parce que les « savoir-faire perdus » qui sont considérés comme « banals » sont ceux qui étaient reproduits dans l’histoire (le Feu Grégois, le béton romain ou les aqueduc par exemple) or il n’en était rien du mécanisme d’Anticythère, singularité technologique donc objet unique, documenté nulle part ailleurs, ni dans sa conception ni dans sa possession.
Mensonge Numéro 8
« on sait depuis le 19ème siècle que deux métaux de nature différente plongés dans une solution acide ou saline ça peut produire de l’électricité »
Type de mensonge: incompétence (rasoir d’Hanlon)
Réfutation: Bouvier n’a pas la moindre idée de ce dont il parle. D’abord les travaux de Galvani et Volta (à qui l’on doit l’invention de la « pile ») datent du 18ème et PAS du 19ème siècle (et là, contrairement au mécanisme d’anticythère, ce n’est pas une datation controversée et discutable. Ensuite non la pile ce n’est pas « deux métaux de nature différente dans du sel ou de l’acide », c’est un couple oxydo-réducteur qui ne nécessite aucun métal en particulier (eg. pile à hydrogène, électrode à graphite, à soufre etc). Le terme électricité vient du mot grec pour « Ambre » qui n’est pas tellement un métal non plus.
Bien sûr, Bouvier n’est pas dans son domaine de compétence mais il est curieux qu’il fasse des reproches à Aberkane dans une conférence interdisciplinaire de plus de 150 minutes tout en produisant, lui déjà plus de 8 mensonges en moins de 5 minutes
Mensonge Numéro 9
« 24 micro Ampère, au sens strict, est totalement imperceptible »
Type de mensonge: incompétence (rasoir d’Hanlon)
Réfutation: là aussi par un vague copier-coller Bouvier ne sait pas de quoi il parle. D’une part le courant électrique qu’il décrit est celui qui est reconstitué par les archéologues (avec de l’eau salée) il est purement indicatif mais ne représente pas l’état de la pile à son époque de fabrication. En effet, il était possible d’utiliser du jus de citron comme solution électrolytique (ce qui fut d’ailleurs fait par les Mythbusters) et obtenir ainsi un courant-voltage plus élevé
D’autre part le seuil de perception dépend, en plus de l’intensité (en ampères), également du voltage, de la durée, et de l’administration (sur la langue? sur le bout des doigts? avec une peau mouillée?, sous la peau avec une aiguille? etc)
Mensonge Numéro 10
« en plus il y a avait un bouchon en bitume sur le bitoniau qui empêchait de brancher un fil sur la partie cuivrée à l’intérieur »
Type de mensonge: direct ou incompétence
Réfutation: un sceau bitumineux n’empêche pas du tout de connecter un fil, (même dans le bâtiment pour un paratonnerre d’ailleurs). Nous ne pouvons penser que Bouvier ignorait ce fait.
Cependant, il se peut que Bouvier, ne saisissant vraisemblablement pas la différence entre décharge électrique et galvanoplastie, ait lu sur Wikipedia (qui n’est pas une source en soi) que oui, le bitume n’est pas une bonne idée pour une cellule de plaquage (sauf si les courants sont suffisamment faibles) conçue pour un usage prolongé, ce qui ne pose pas de problème par contre pour des usages ponctuels (décharges courtes)
Mensonge Numéro 11
« la théorie de la pile a été abandonnée »
Type de mensonge: par omission
Réfutation: Non, juste non. Certains archéologues invitent à abandonner cette hypothèse, c’est vrai, mais ce n’est ni un consensus ni la preuve qu’elle n’est plus explorée dans la recherche contemporaine. Encore une fois, pour « inventer » un mensonge d’Aberkane, Bouvier tronque ses sources pour donner l’impression – fausse – d’un consensus formel, définitif et indiscutable, trompant ainsi son audience.
Au final « tout ça dans un extrait de 4 minutes 11 de conférence » déclare le youtubeur et pourtant lui, Bouvier, arrive lui à embrayer pas moins de onze mensonges plus ou moins directs, plus ou moins incompétents dans une vidéo préparée et montée (contrairement à la conférence d’Aberkane) en quatre minutes aussi, et ses mensonges à lui sont confirmés.
Sur la forme
Laissons de côté les emojis et le montage outrancier. Plus préoccupant sont les liens non déclarés de Bouvier avec Thomas Durand. Le but est de faire dans l’outrage pour obtenir des vues et acquérir des abonnés. Thomas Durand a déjà utilisé ces méthodes peu glorieuses en faisant sortir de nulle part « Wildeye Demon » alias de Wendy Boisnard (ancienne collaboratrice d’un politicien lourdement condamné en justice) dans le seul but d’attaquer Aberkane.
Le deal étant simple: tu attaques Aberkane, je te retweete ainsi que tout mon réseau, et on fait décoller ta chaîne sur youtube. Déontologiquement, Durand a menti à toute sa communauté en présentant Wendy Boisnard comme « indépendante » alors qu’elle est en fait la compagne de Samuel Buisseret, de sa chaîne partenaire Mr Sam. Bref, poudre aux yeux et manipulation à tous les étages.
Sans surprise donc, même mécanisme avec Bouvier – qui lorsqu’on lui pose des questions sur les détails de ses recherches en commentaire, cite… Thomas Durand, et son blog menace-théoriste.
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur whatsapp
Partager sur email